Courir pieds nus - ou les insolentes vertus du minimalisme
Les coureurs acharnés, comme les plus modestes, ne craignent vraiment ni le mauvais temps, ni le froid, ni la faim. Ce qu'ils redoutent avant tout, c'est que leur formidable machine et outil de travail - leur corps - leur fasse défaut.
Qu'un grain de sable s'insinue dans les rouages et c'est la blessure, donc l'immobilisation pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Une situation inconcevable pour un passionné.
Pourtant, il existerait un moyen non de réparer, mais plutôt d'anticiper le mal. Un outil qui réconcilierait le coureur avec son propre corps. Un concept dont vous avez forcément déjà entendu parler, qui a pour nom "minimalisme".
Décrit dans le détail dans un best-seller de 2011, "Born to run", il est devenu le quotidien de plusieurs coureurs alsaciens dont les pieds, chaussés de redoutables outils de connaissance de soi, ont révolutionné leur façon de courir.
À la recherche de sensations perdues
Marcher nu-pieds, c'est une sensation que tout le monde connaît. Mais courir pieds nus, pour bon nombre d'entre nous, cela relèverait plutôt de l'inconscience : le risque de se blesser n'est-il pas décuplé ?
Il est vrai que nous sommes soumis depuis des années à des messages marketing rassurants sur l'apport de semelles avec un amorti ultra-perfectionné : gel, air, semelle géante... Tous ces gadgets technologiques ne serviraient cependant à rien, puisque les pieds travestiraient leur mouvement naturel en étant enfermé dans de tels instruments de torture.
Une formule choc, mais à peine exagérée, puisque de l'avis de Julien, 23 ans, coureur minimaliste depuis 6 mois, "les grosses semelles brident les sensations". C'est aussi l'avis d'Arnaud, 25 ans, pour qui l'idée de courir pieds nus est venue instinctivement, il y a deux ans et demi. "La première fois que je suis parti courir pieds nus, c'était sur un coup de tête : j'étais en recherche de sensations et cela devait passer par un contact direct du corps avec le sol."
Les avantages sont multiples : "la foulée est naturelle, le pied est libre, cela va jusqu'aux orteils qui ont leur propre motricité."
Arnaud, chaussé de ses minimalistes, "des Vibram et rien d'autre", qu'il porte depuis deux ans. "Les coutures, malgré leur extrême finesse au niveau des doigts de pied, sont très résistantes. Je peux même les laver en machine."
Dans "Born to run", l'auteur, Christopher McDougall, coureur amateur, est blessé à de multiples reprises. Dans sa volonté de comprendre le pourquoi de ces blessures, il se heurte aux recommandations médicales (courir nuirait à la santé). Insatisfait de cette réponse, il décide de se bâtir son propre avis. Il veut faire l'expérience d'une autre façon de courir qui l'amène à tout réapprendre. Son modèle est celui d'un peuple, les Tarahumaras, marathoniens des montagnes, qui courent sur des dizaines voire centaines de kilomètres chaussés de simples sandales. Et terminent des ultra-trails avec le sourire.
"L'homme est fait pour courir" apprend-on au fil des pages. À condition de ne pas se laisser enfermer dans des convictions erronées.
Réduire les blessures à néant - à condition d'y aller progressivement
Mais au-delà de l'approche littéraire du phénomène, c'est l'expérience qui parle : "J'ai eu plus de traumatismes en chaussures classiques qu'avec mes minimalistes", insiste Arnaud.
Julien renchérit : "Je m'étais fait une entorse au rugby, il y a deux ans, et quand j'ai commencé à courir, il y a environ un an, pour perdre du poids, j'avais un peu d'appréhension. Depuis que je cours en minimalistes, la peur a complètement disparu : le mollet, la cheville, le pied sont plus musclés."
Le passage en chaussures barefoot n'est cependant pas immédiat : "j'ai fait n'importe quoi au début", admet Arnaud, "car j'ai tout de suite voulu courir sur des séances de plus d'une heure." Heureusement pour lui, il n'y a eu aucune lésion - et puis, cela fait partie du personnage : "Je suis un coureur capricieux et compulsif : parfois je ne fais rien, parfois je pars courir 1h30."
Pour la marque qui fait référence en la matière, Vibram, la recommandation est toutefois de donner au corps un temps de réadaptation à la sensation pieds nus. "Une transition progressive de plusieurs mois est parfois nécessaire", reconnaît Julien.
Julien, à l'arrivée de son premier 35km en 4h17
"En ce qui me concerne", indique-t-il, "il a fallu un mois et demi. Je courais de petites séances de 6km en emportant dans un sac à dos une paire de runnings classiques, que j'enfilais au bout de 2km à peine. Puis j'ai inversé : j'ai fait mon échauffement avec les runnings traditionnelles, et je terminais en barefoot."
Julien est très vite devenu adepte des courses nature. Cela a commencé avec le 12km du Haut-Koenigsbourg, qui a "déclenché quelque chose", admet-il. En octobre, il enfile une paire de minimalistes pour la première fois. Et en novembre 2013, il s'essayait déjà à son premier 35km, avec un ressenti extrêmement positif : "chaussé de minimalistes, je n'ai ressenti aucune douleur musculaire, et les maux de genoux que j'avais pu éprouver en chaussures normales ont complètement disparu."
Un mouvement naturel
Julien, Arnaud et beaucoup d'autres en sont convaincus : courir en minimalistes, cela apporte son lot de sensations positives. "On est plus léger dans la foulée, on est plus proche du sol dans sa façon de courir, on fait davantage de petits pas, mais le rythme de la foulée est plus rapide - on se fatigue moins vite..."
Julien compare volontiers le ressenti des chaussures à celui des chaussons d'escalade. "Et quand on est dans une paire qui épouse la forme des orteils, c'est un autre confort !" précise-t-il.
On peut cependant se demander à juste titre si courir sur des trails avec une chaussure très fine, cela ne risque pas de faire mal aux pieds : comment ces runners gèrent-ils les irrégularités du sol ?
"En fait, cela se fait naturellement", confirme Julien. "Car on sent mieux le sol. On comprend si l'appui est bon, si on peut avoir confiance, si le caillou sur lequel on pose le pied est stable ou s'il va rouler. Les réflexes psychomoteurs sont stimulés pour réagir à bon escient."
La descente en chaussures minimalistes est cependant plus difficile physiquement : "le jeu de cuisses en descente est important, mais comme on attaque sur la pointe des pieds, il n'y a aucune répercussion dans le dos."
Vous avez bien lu : le secret réside tout simplement dans la façon de se réceptionner sur son pied. Plus besoin des talons pour courir, tout serait dans la façon d'utiliser l'avant du pied et de laisser les orteils réguler l'effort. Retrouver ses racines animales, en quelque sorte.
"Je suis persuadé que les traileurs ont davantage ce type de foulées, et qu'un passage à des chaussures minimalistes se fait plus rapidement pour eux", affirme Julien.
Pour tous ceux que la question intéresse, Vibram propose un guide de démarrage pour débutants en minimalistes qui rappelle de : "ne pas allonger la foulée, atterir légèrement et ne pas se réceptionner sur le talon" pour bien commencer. Quelques exercices à faire chez soi sont également au programme.
Un concept de vie
Choisir de courir en minimalistes, c'est devenu plus que de la recherche de sensations pour Arnaud : "C'est un outil social, puisque l'apparence des chaussures intrigue : j'ai été le centre d'attraction en discothèque, un soir, tout le monde a sorti son portable pour prendre mes pieds en photo..." s'amuse-t-il. "Partout, c'est vecteur de discussion car ce n'est pas encore très connu."
Pour lui, le minimalisme fait partie d'un ensemble : "dans tous les domaines, je cherche à être au plus proche de mon corps. J'ai une alimentation locavore, je suis végétarien par conviction mais pas extrémiste. Partout, je suis à la recherche de sensations."
Triathlète également, il a terminé les 21km de course à pied du triathlon d'Apte (après 2km natation et 90km de vélo) en retirant ses chaussures pour courir pieds nus sur les derniers kilomètres.
Julien a trouvé dans cette méthode de course à pied beaucoup de bien-être. Il n'est pas adepte des entraînements de forcenés, mais ambitionne de réaliser quelques performances cette année. "J'aimerais me positionner dans les 50 premiers du 12km du THK", confie-t-il. Avec un 4h17 sur 35km après seulement 6 mois d'entraînement, et un matériel qui semble taillé sur mesure, ce jeune homme-là a encore de beaux jours de course devant lui.
Arnaud, quant à lui, changera peut-être un jour, "mais ce sera plutôt pour courir sans rien du tout", comme il a déjà pu le faire.
Il reste qu'il faut probablement nuancer cette approche. Car même si Arnaud est 100% convaincu par le minimalisme, il admet, avec un soupçon de réserve : "on ne sait pas quelle dose de marketing se cache derrière tout ça." De même, comme le répète à l'envi mon ami, Philippe, ultra-traileur passionné : "il y a une façon de courir minimaliste qui peut s'appréhender avec des chaussures classiques".
Qu'importe : je rêve, personnellement, d'étrenner ma première paire de Vibram. Et je n'irai pas par le dos de la cuillère : ce sera une paire avec orteils, rose ou orange, aussi belles que les Woman's Spyridon :
Et alors - oui, ce ne sera plus un rêve : moi aussi je pourrai - enfin ! - me lâcher et vivre des sensations de confort et de bien-être en descente sur les trails.
Où acheter votre première paire de chaussures minimalistes en Alsace ?
Sur 5doigts.fr, qui est un site d'e-commerce spécialisé en chaussures minimalistes, géré depuis Colmar par cinq runners alsaciens passionnés.
Monica, Maëlle, Eduardo, Arthur, Julien sont des convaincus de la course minimaliste qu'ils pratiquent régulièrement sur les manifestations locales et nationales, et dont ils parlent à foison sur leur blog : http://leminimaliste.info/
"Sur le blog, nous testons les produits et donnons notre ressenti, nous analysons les nouveautés, les dernières tendances : nous décortiquons toute l'information liée au minimalisme. C'est très important pour nous car l'approche minimaliste est encore peu connue, et nous devons expliquer la contrainte liée au passage à la course pieds nus - car elle exige un temps de préparation sur lequel on ne peut pas faire l'impasse."
Eduardo insiste sur le fait qu'"avec chaque paire de chaussure achetée est livré un document qui propose une méthode d'adaptation très progressive". En complément, la partie "guide de course" du blog est très utile pour bien commencer.
"Sur le site de vente, nous conseillons par rapport au type d'usage recherché (running, casual, fitness, aquatique...), ou nous répondons simplement à toutes les questions qui se posent sur cette approche de la course à pied".
Avec la vocation de devenir le spécialiste du minimalisme en France, toute l'équipe de 5doigts.fr se met à votre disposition pour :
- informer avant l'achat, soit par téléphone 09 52 05 00 44 ou aide@5doigts.fr ou encore sur youtube, ou les réseaux facebook et twitter.
- proposer des produits en exclusivité, tels que les Huaraches, les sandales de course à pied qui sont "l'essence-même du minimalisme".
- proposer des nouveautés, des produits running mais aussi des chaussures pour tous les jours ou pour le fitness.
Sur 5doigts.fr, vous trouverez un large choix de chaussures parmi les marques Vibram, Merrel, INOV8 et NewBalance ou les Huaraches. Ici, de gauche à droite : la Minimus de New Balance, la Mens'speed XC lite de Vibram, la Bare-Grip INOV8, pour un prix variant entre 80 et 140€ la paire.
L'auteur, Elyse Moreigne
Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse,
parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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