Thomas : lorsque le plaisir du running décuple l'efficacité
Il est grand, souriant, dynamique : extérieurement, Thomas, 34 ans, runner strasbourgeois au fort potentiel, a tout pour plaire. À l'intérieur, c'est un cru montagnard, originaire des Vosges, qui se révèle insatiablement curieux et se plaît à aller voir comme la vue est belle depuis le sommet.
Stratège, il se fixe des objectifs ambitieux et se donne les moyens de les atteindre. En veut pour preuve sa victoire en 2017 sur le Challenge 21,1, où il s'est engagé à fond sur les 11 épreuves alsaciennes de semi-marathons.
Sociable, agréable, visiblement heureux d'être là, même dans l'effort, c'est sa joie du sport, des rencontres et des défis qui lui permet d'avancer - pour vivre et partager de bons moments. Un zeste d'organisation, un soupçon de bonheur : et si c'était ça le secret de la réussite ?
Renouer avec le sport et apprendre à courir sur route
Thomas est originaire des Vosges. "De Rochesson exactement, près de Gérardmer", tient-il à indiquer. Là-haut, le sport, c'est une évidence. En plus, chez Thomas, "c'est dans l'ADN familial que de faire du sport, depuis tout petit. Je n'imagine pas ne pas en faire !"
Sa discipline de prédilection, "c'est le ski de fond. J'ai eu la chance de pratiquer ce sport à haut niveau, c'est donc avec beaucoup de plaisir que je remonte sur des skis l'hiver. Je fais aussi occasionnellement du ski à roulettes et du vélo de route."
Descendu de sa montagne pour atterrir professionnellement à Strasbourg il y a 7-8 ans, et après quelques années de coupure sportive, "je recherchais un sport facile à pratiquer", conciliable avec son travail très prenant. Une succession de rencontres l'amènent à la course à pied : "J'ai un ami, Jérémy, qui s'est mis à courir et m'a entraîné avec lui." Thomas fait ensuite connaissance avec un voisin brésilien, Henrique, qui le met en contact avec "un gars qui lançait un team de course à pied". Ce coach, "c'était Jean Matrat. Il m'a motivé à rejoindre Matrat Training et c'est à ce moment-là que je me suis remis à m'entraîner régulièrement. Depuis, c'est une histoire qui dure", remarque-t-il avec plaisir.
Ce que Thomas apprécie dans la course à pied, c'est sa facilité d'accès : "il suffit de chausser une paire de baskets, de faire une séance de fractionné et, en 45 minutes, ton sport est fait !" Pourtant, au démarrage, le geste est hésitant et notre athlète se pose des questions quant à sa technique de course : "j'avais l'habitude depuis petit de courir en montagne. Sur route, j'avais la caisse, mais pas la belle foulée du coureur kenyan. Je ne savais pas comment poser mon pied, je pensais qu'il fallait avoir une attaque talon pour être efficace... Bref : il y avait du boulot !"
Sur le semi-marathon de Strasbourg 2017, Thomas réalise une performance de 1h26'54. Son objectif sur le premier semestre : ne pas se blesser.
Un point d'honneur à bien s'amuser
Ce travail de foulée, il s'en acquitte rapidement et efficacement, car désormais, Jean Matrat, son coach, affirme que "Thomas est un des moteurs de notre groupe, il est impressionnant ! Il est efficace dans tous les types d'efforts d'endurance. Il sait courir vite sur route comme longtemps en montagne. Il s'imprègne des projets collectifs que nous mettons en place chaque année dans notre équipe pour rythmer sa saison de compétition. Il intègre du volume (parfois beaucoup de volume) à son emploi du temps et se choisit des objectifs nouveaux chaque année. Chaque saison est une partie de jeu pour lui. Il s'amuse, et ça lui réussit."
Nos deux grands sportifs sont d'accord sur ce point : la course à pied apporte surtout du plaisir à Thomas. "Cela me permet de me remettre les idées en place, de décompresser et surtout de passer un moment convivial avec des amis", estime celui-ci. D'ailleurs, "Je suis fier d'allier sport et plaisir. C'est en partie grâce au team dans lequel je cours : on s'entraîne vraiment dur, tout en s'amusant beaucoup !"
Dès lors, l'idée de participer à tous les semi-marathons d'Alsace en 2017 lui est apparue comme une source de motivation supplémentaire. "C'est plus qu'un challenge : c'est une aventure ! Une aventure sportive, une aventure humaine également car les autres participants au Challenge 21,1 étaient vraiment sympas". Et d'ajouter que "les souvenirs sont nombreux : au premier semi de La Wantzenau, je n'étais pas entraîné et j'ai galéré du début à la fin. Un vrai calvaire. À Colmar, en septembre, je suis arrivé bien entraîné et j'ai battu mon record perso en 1h20'30s. Le semi de Bâle a été l'occasion de passer un week-end en Suisse là-bas, c'était top ! Epfig a été couru sous la canicule alors qu'Illkirch a été sous la neige... Les semi-marathons se suivent mais ne se ressemblent pas en Alsace !"
Cette capacité d'adaptation, c'est une des forces naturelles de Thomas. Tout comme les "trois qualités qui font de lui un sportif complet averti : une condition physique naturelle et polyvalente (la chance d'être né Vosgien !), une motivation à 'faire le métier' (en qualité et en quantité d'entraînement) et une gestion de lui-même qui lui permet de se construire des objectifs adaptés à ses possibilités (familiales, pro, perso, etc.)", tient à souligner Jean Matrat.
"J'aime beaucoup l'idée de se challenger et se dépasser !" affirme Thomas. La "performance-plaisir" est d'ailleurs la "philosophie de Matrat Training" indique Jean Matrat, coach de Thomas. "C'est peut-être pour cela que Thomas en est un très bon ambassadeur."
Aplanir les difficultés en amont
Habitué à viser haut avec l'expérience des grands challenges en ski de fond, (il a dans son palmarès les Championnats de France, la Coupe d'Europe, les Championnats du monde scolaire), Thomas n'avait jamais participé à de gros défis en course à pied, "hormis le marathon de Francfort. Ce marathon était un gros objectif personnel car je voulais passer la barre des 3 heures. J'ai ressenti beaucoup de soulagement et de bonheur à l'arrivée. Mais durant toute la course, j'ai été très concentré et focalisé sur le job." Encore une des facettes de Thomas : le sérieux dans ce qu'il entreprend.
Début 2017, il se met à la recherche d'un "objectif qui me force à m'entraîner toute l'année et qui me pousse à me dépasser". Incité par deux amis du team Matrat Training, Nikita et Jonathan, qui y avaient participé en 2016, Thomas s'inscrit sur le Challenge 21,1 qui "me semblait parfait pour ça !"
Ce qui le tente alors, c'est une nouvelle fois de tester ses limites. "J'ai abordé le challenge avec beaucoup de curiosité : allais-je tenir sur la saison de mars à décembre sans me blesser ? Serait-il possible de participer à toutes les épreuves ?"
Sur un plan plus personnel, "mon attente était de voir si ma stratégie d'entraînement s'avèrerait payante." Car le sportif ne lésine pas sur les moyens : "De mars à juin, j'ai fait des entraînements variés mais pas de fractionné. J'ai couru entre 20 et 50km par semaine. L'objectif était de ne pas me blesser. Juillet-août a représenté le point culminant de mon entraînement pour le Challenge 21,1. J'ai augmenté le volume de travail, fait beaucoup de séances de fractionné. J'ai couru presque 300km en 3 semaines en août et fait 40 entraînements dans le mois. Bref, j'ai pris des risques pour arriver affûté en septembre-octobre. Ensuite, j'ai réduit le volume, mais j'ai conservé beaucoup de séances d'intensité tout l'automne pour rester performant. Au final, j'ai couru 1 750km sur l'année 2017, ce qui est un record pour moi en course à pied."
Ce programme lui permet d'affirmer après coup que "cumuler 11 semi-marathons dans l'année n'a pas été très difficile d'un point de vue physique." Ce qui s'est avéré plus âpre, "ce sont les entraînements en amont. Car qui dit entraînements difficiles dit course facile, n'est-ce pas ?"
Même du haut de son podium, Thomas a envie de partager sa victoire : "J'ai une grosse pensée pour tous les participants au Challenge 21,1 que j'ai rencontrés au fil des courses, pour mon coach Jean Matrat et pour ma famille qui me supporte dans tous les sens du terme. Et un grand bravo à Elyse de sportenalsace.fr pour l'organisation du Challenge 21,1 !"
Profiter avec raison d'un bel héritage sportif
Agir avec sagesse, faire cohabiter avec équilibre objectifs et actions font ainsi partie intégrante de la personnalité de Thomas.
C'est important pour lui car, dans sa pratique sportive souvent intense, il y a un défi dans le défi, qui consiste à "mettre en place une organisation sur l'année qui me permette de concilier objectifs sportifs, vie professionnelle et vie familiale. C'est presque cela le plus ambitieux ! Mais heureusement, ma chérie a été au top et m'a facilité beaucoup de choses - merci à elle !"
Confiant dans le potentiel de chacun, Thomas n'a d'autre conseil pour les futurs participants du Challenge 21,1 que de "persévérer, ne pas se laisser impressionner par l'enchaînement des courses (le corps est une belle machine qui sait s'adapter), s'entraîner dur et aussi ne pas avoir peur de se ménager des plages de récupération." Comme tout bon athlète qui se respecte, Thomas sait que "le repos fait partie de l'entraînement."
En 2018, Thomas a continué ailleurs à accomplir sa destinée avec "le Challenge Rudloff à Strasbourg, le Trail des Marcaires 54km et surtout un Ultra trail (Vallée des Lacs, 90km, 5200 D+, où tout" - on s'en serait douté ! - "s'est super bien passé".
Fier de son parcours, il porte un regard positif sur le sport qu'il a pratiqué étant jeune, qu'il considère comme "un capital fantastique pour le reste de sa vie."
2019 sera l'occasion pour lui de s'essayer au marathon de Paris. Pour, une nouvelle fois, varier les plaisirs, et se donner l'opportunité de revoir entièrement sa feuille de route. On le comprend aisément : la vie a beaucoup plus d'attraits lorsqu'elle reste pleine de surprises.
Pour Thomas, passer de l'enchaînement de semi-marathons à l'Ultra-Trail a tout d'un jeu d'enfant, parce qu'il envisage chaque objectif avec travail et sérieux. La touche d'humour, c'est qu'il considère que, même si, "ces dernières années, j'ai couru entre 1 200 et 1 500km par an (cela représente 150 heures d'entraînement annuel), au final, j'ai l'impression d'être retraité sportivement car, quand j'avais 20 ans, je m'entraînais 400 à 500 heures par an !"
Thomas Gehin
- Âge : 34 ans
- Résidence : Strasbourg
- Entraînement : "Comme j'habite à Strasbourg, je cours essentiellement sur route, sur la colline d'Oberhausbergen ou au Parc de l'Orangerie avec le Team Matrat Training. Ce sont mes spots favoris. Je cours entre 1 et 5 fois par semaine selon la saison et les objectifs. La clé de voûte de mon entraînement, c'est la séance d'intensité du mardi soir avec les potes à l'Orangerie. C'est la seule séance à laquelle je m'astreins toute l'année."
- Ses performances : moyenne de 1h25'43 sur les épreuves du Challenge 21,1 ; Ultra-trail de la Vallée des Lacs en 13h56'14 (26e sur 225 finishers) ; Challenge Marcel Rudloff 15e sur 122 participants avec les scores suivants : semi-marathon 01:26:17.72 - 10km 00:42:30.93 - 5km 00:20:18.96.
- Son petit mot : "Je pense que le Challenge 21,1 gagne vraiment à être connu : il nous fait voyager dans la région et nous oblige à nous dépasser. C'est une formidable aventure. Plus généralement, il faudrait que l'organisation des courses évolue : quand je vois que certains semi-marathons sont complets plus de trois mois à l'avance, c'est qu'il y a un problème entre l'offre et la demande. L'engouement pour le running est une vraie opportunité, mais elle gagne à être mieux exploitée."
L'auteur, Elyse Moreigne
Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse,
parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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