Alain : marcher pour la santé, le partage et la découverte
Alain est un Colmarien de 48 ans qui s'évade tous les dimanches en randonnée. Il aurait pu ne jamais découvrir ni les Vosges, ni la Forêt-Noire, le Jura, ou encore les autres contrées qui constituent désormais ses terrains de découverte.
Ce personnage tranquille, flegmatique et discret - à vrai dire un tantinet énigmatique - n'a jamais trouvé sa place dans les sports qu'on lui proposait. Longtemps inactif - sportivement parlant - il a finalement redécouvert la randonnée à 30 ans, pour se remettre en forme : une bonne alternative pour prendre soin de lui.
Au travers de ces moments en pleine nature, il partage le plaisir de la montagne, de la découverte culturelle et patrimoniale. Entouré d'amis, il répond régulièrement présent à l'appel d'un bol d'air vivifiant, été comme hiver. Avec en bonus la satisfaction de retrouver un certain équilibre personnel.
Alain, profitant d'un point de vue exceptionnel à la roche de Chalmont (alt. 697m - Lièpvre, 68).
Trouver ce pour quoi l'on est fait
Bridé par des circonstances qui ont joué en sa défaveur, Alain a toujours eu des ambitions sportives modestes. "J'étais mauvais en gym ou dans les activités scolaires", explique-t-il. "Je détestais aussi courir." Son plus grand intérêt a été pour le basket : "c'était en réalité le seul sport que je pouvais pratiquer, avec la gym, dans le village. Mais là aussi je me retrouvais trop souvent abandonné au banc de touche". Déçu de ne pas trouver de place à la mesure de ses moyens et de ses ambitions dans la pratique sportive, il a continué le basket par défaut, "de 7 à 17 ans : j'y allais surtout pour retrouver mes copains".
Un jour, on propose à Alain d'être marqueur-chronométreur au basket. Pour lui qui connaissait bien les règles mais jouait peu, cela aurait pu correspondre. Mais ce n'est pas ce que cherchait l'adolescent, qui, dépité, décide de faire un break : "je n'ai plus rien fait sportivement et ça m'allait très bien. Le sport et moi, on a pu se passer pendant longtemps l'un de l'autre !" ironise-t-il.
C'est à l'approche de la trentaine qu'il est surpris par sa mauvaise condition physique : "un jour, j'ai dû traverser Sélestat depuis la gare pour me rendre au travail ; j'ai marché pendant 20 minutes et, en montant les escaliers, et je me suis senti fatigué, essoufflé". Malgré la nature flegmatique d'Alain, cela crée un déclic : "je me suis dit que je devais me reprendre en main, et je me suis souvenu alors que les rares fois où j'avais randonné dans ma vie, j'avais apprécié."
Pour passer de l'idée à la pratique, il s'inscrit à l'Union des Marcheurs de Colmar, association de marche populaire qui a existé jusqu'en 2015. "À partir de ce moment-là, j'ai commencé à marcher régulièrement". Rien d'extraordinaire : "10km, en mode balade, à allure tranquille". Mais la première fois qu'il boucle une marche populaire de 10km, Alain est épaté : "ce n'est pas évident de passer de rien du tout à un chiffre qui paraît conséquent !" admet-il. C'était surtout bien mieux que de ne rien faire - et cette première marquait le début d'une vie sportive enfin à sa hauteur.
Alain, qui se considère "mauvais en sport collectif, n'arrive pas à courir et n'aime pas le foot", admet, que : "finalement, la rando me va bien". Ici au rocher du coucou (alt. 856m - Neubois, 67).
La découverte comme moteur
Séduit par le dépaysement que lui procure la randonnée par rapport à son lieu de vie - un appartement en ville - et son cadre de travail - assis à son bureau - "je me suis mis à parcourir régulièrement 10km en hiver, 20km en été. La randonnée, c'était devenu le rendez-vous du dimanche !"
Motivé à "découvrir le patrimoine local, partager, en faisant un petit effort physique quand même, rencontrer ou retrouver des gens, sortir du cadre professionnel", Alain trouve son compte dans cette activité. Notamment lorsque les personnes qui l'accompagnent partagent ses centres d'intérêt : "avec Pierre, un ami féru d'histoire, je pars souvent découvrir certains châteaux, abbayes, vestiges historiques qui prennent une toute autre tournure sous son éclairage pointu et documenté. J'aime les musées, les châteaux, le lien avec l'Histoire, le patrimoine... J'ai déjà beaucoup bouquiné et je trouve la vie des grands noms de l'Histoire très intéressante."
En plus d'assouvir cette soif intellectuelle, la randonnée permet à Alain de se régénerer par les sensations : "J'ai besoin d'être dehors : ça me permet de prendre conscience des saisons. Je ne me vois pas du tout pratiquer un sport en salle." Le gourmet admet aussi que l'Alsace "est une belle région, où la gastronomie est riche. En randonnée, on a l'occasion aussi de découvrir ce patrimoine gastronomique. C'est une chance d'être ici et je n'envisagerais pas de vivre ailleurs."
Pourtant, pour le dépaysement total, Alain n'hésite pas à concevoir ses vacances autour d'expériences nature et part pour randonner en été, et faire du ski de piste en hiver, dans un contexte où tout est organisé, et où le rythme de chacun est homogène. "Ces moments-là me permettent de sortir de mon train-train. En général, il y a une bonne ambiance."
Par ce biais, ce grand voyageur par intermittence s'est fait un devoir de partir au Pérou, "pour revenir sur les traces du dessin animé Les Mystérieuses cités d'or, que j'avais adoré étant gamin". Il est passé aussi par le Chili, la Bolivie, les Etats-Unis, la Turquie, et l'été dernier la Crête. De telles itinérances organisées et accompagnées conviennent bien à Alain. Pourtant, même si notre randonneur aime partir, il admet "être pressé de rentrer aussi, dès que le mal du pays devient trop grand. 15 jours loin de chez moi, cela suffit."
En vacances en Crête, Alain randonne également. À l'autre bout du monde ou près de chez lui, "je suis toujours content de partir, j'apprécie le dépaysement".
Au sommet de ses ambitions
Tout cela correspond bien au personnage : depuis 18 ans qu'il randonne, à aucun moment Alain ne s'est senti le besoin de répondre à un objectif de performance. Comme il l'indique : "je ne chercher pas à réaliser un exploit, il s'agit de m'occuper le dimanche, ce qui est plus sympathique et plus facile sous l'impulsion d'un groupe".
Pour toucher néanmoins à ses limites, il avait, pendant les années où il était installé à Obernai, intégré un groupe de marche rapide : la Godasse obernoise. "À cette époque, je maîtrisais le 10km, et j'étais frustré de ne pas pouvoir marcher davantage. La Godasse obernoise propose deux entraînements par semaine où tout le monde doit suivre à 6km/h. Le dimanche, c'est une marche de 25km". La première fois, surpris par cette cadence soutenue, Alain s'émeut "de ne pas faire de pause du tout. Il a fallu assurer !" Une fois la difficulté passée, "on s'y fait", reconnaît-il. Pour s'adapter tout de même aux conditions, "j'ai acheté une paire de baskets basses qui sont plus adaptées à la marche rapide."
Vivant désormais sur Colmar, Alain se fixe des micro-objectifs ; ainsi, en 2016, il s'est inscrit sur la "petite" marche du Tour de la vallée de la Thur, de 27,20km, 1 402m D+ / 856m D-. "J'avais beaucoup entendu parler de cette épreuve, alors j'ai eu envie de la faire. Dès le départ, je me suis dit que la distance était énorme ! Pour une première, je voulais essayer le petit tour, pour respecter mon niveau." Encore sous l'emprise d'un passé sportif peu amène, Alain a l'impression que "aller au-delà, c'est beaucoup. C'est pour ça que je n'ai pas envie de dépasser ce cadre : 20-25km environ, ça me va très bien."
Surtout, pour notre indolent, "la randonnée ne doit pas devenir une contrainte : c'est un loisir pour prendre soin de ma condition physique, et pour entretenir ma vie sociale". Peut-être aussi un soupçon d'alibi se cache-t-il derrière la randonnée du week-end : celui de ne rien faire d'autre de la semaine. Ainsi, "bien que je n'habite pas loin de mon travail, je n'y vais qu'en voiture. J'ai déjà essayé à vélo, mais ce n'est pas du tout pratique. Et certainement aussi qu'il me manque la motivation." Disons plutôt qu'Alain est un grand sportif qui s'ignore, et qu'il sous-estime certainement encore son potentiel. Car, mine de rien, il affiche au minimum 600km de randonnée à son compteur chaque année, avec un plaisir renouvelé. En soi, c'est un score très honorable, et, surtout, c'est vraiment beaucoup mieux que rien du tout.
En hiver, le programme d'Alain est fait de randonnées en raquettes, comme ici à proximité du Lac Vert (Soultzeren, 68).
Alain Schlosser
- Ville de résidence : Colmar
- Né en octobre 1968 (48 ans)
- Profession : comptable (Domial, Colmar)
- Son rythme hebdomadaire de randonnée actuellement : 10 à 30km selon les saisons et ses disponibilités
- Ses envies : "J'aimerais partir, comme je l'ai déjà fait, dans des grandes villes européennes, pour découvrir le patrimoine".
L'auteur, Elyse Moreigne
Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse,
parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
En savoir plus.
Cet article a été commenté 1 fois