Fabrice : courir pour se changer les idées
À 41 ans, Fabrice vient de courir sa troisième édition du marathon de Paris. Un sacré parcours pour lui qui, avant de découvrir la course à pied il y a six ans en arrière, ne pratiquait aucun sport.
Des événements dans sa vie personnelle lui ont fait prendre conscience du bien-être procuré par le running, et depuis, il participe à plusieurs courses, près de chez lui, à Mackenheim (67), mais aussi dans toute l'Alsace.
D'un tempérament réservé mais farouchement accroché à l'envie de réussir, il a trouvé dans cette discipline un moyen de s'évader par la pensée et de partager de bons moments.
Fabrice et sa "marraine de course", qui l'a soutenu et accompagné tout au long du parcours, sur le marathon de Paris, le 6 avril dernier. © Crédit photo : Jacky Poirier.
S'aérer le corps et l'esprit
La première impulsion pour la course à pied, il l'a eue grâce à une collègue de Wrigley, l'usine où il travaille à Biesheim (68). "Je sortais tout juste d'une rupture sentimentale", confie-t-il, "ma collègue m'a incité à venir courir avec elle. Elle me disait que ça me changerait les idées - et l'effet a été immédiat."
Depuis, la motivation de chausser les baskets est bien installée, d'autant qu'"il y a un club de cross corpo à l'usine. J'y ai vite trouvé l'ambiance sympa et j'ai commencé ma première saison de cross (2009-2010) avec l'équipe, dans la foulée."
Juste avant, il avait pu se tester sur le 10km de Sélestat en 56 minutes 40, en octobre 2009, qui a été son premier chrono officiel. Score qu'il abaisse déjà quelques semaines plus tard, aux 10km de Colmar, en 53 minutes et 17 secondes.
Puis Fabrice essaie d'autres circuits, la route encore, avec des distances qui augmentent peu à peu, puis d'autres courses nature, comme les foulées d'Ungersheim, ou encore plus difficile : le 12km du trail du Haut-Koenigsbourg, le Tour du Taennchel, le Kaiserstuhllauf à Ihringen, en Allemagne.
"J'aime à la fois courir sur route et dans la nature. Ma course préférée, c'est le 10km de Colmar, en novembre, avec les trois tours et les encouragements du public. Mais j'aime aussi beaucoup être en forêt, avec les beaux paysages, les petits sentiers, l'odeur des pins..."
Fabrice, sur le cross corpo de Soultzmatt.
S'entraîner, c'est plus facile à plusieurs
La jouer solo, ce n'est pas le "truc" de Fabrice : il trouve au contraire que c'est mieux d'aller courir à plusieurs. "Lorsqu'on est dans une équipe", explique-t-il, "ça joue beaucoup : la motivation est alors davantage présente, on covoiture jusqu'au lieu de la course, on se soutient tout le long... On supporte ensemble le froid, la chaleur... On se conseille et on s'entraide."
Le plaisir se retrouve dans la course, lorsque chacun cherche à savoir où est l'autre collègue, ainsi qu'après la "bataille" : "le sport apporte ce côté très convivial entre nous, dans un autre contexte que celui du boulot. Et puis il y a toujours ce côté très sympa, où on va boire un verre et déguster une pâtisserie - pour se récompenser de l'effort !"
Pour Fabrice qui admet "se laisser facilement entraîner par des proches", il va de soi que lorsque les collègues lui parlent de partir sur un marathon, l'idée fait son chemin. Et c'est en 2012, l'année de ses 40 ans, qu'il décide de s'engager avec eux sur son tout premier 42,195km : celui de Paris. Il sait que cela risque de faire mal, mais il a alors une très bonne raison de s'accrocher.
La fierté d'aller jusqu'au bout
Car la même année, son fils, Romain, est touché par une leucémie. "Romain avait 4 ans et 4 mois quand on lui a découvert la maladie", se rappelle Fabrice. "Il est alors placé sous chimiothérapie et subit des ponctions lombaires".
Dans de telles conditions, le défi initial a soudain pris l'allure d'un challenge - Fabrice voulait désormais surtout se battre pour son fils. "Car c'est sûr que ça fait mal un marathon, mais lui devait avoir encore plus mal que ça. Et il était impossible que je m'imagine en train d'abandonner. Car lui ne pouvait pas abandonner non plus..."
Deux hommes courageux : le père et son fils, désormais en pleine forme tous les deux.
Symboliquement, Fabrice décide de courir pour l'association le Petit Prince, qui aide à réaliser les rêves des enfants. Et lorsqu'il commence à courir, cela provoque en lui un soulagement : "pendant que je courais, je me libérais l'esprit."
Il termine en 4h16, fatigué mais fier de cette victoire sur lui-même. Un score qu'il n'a pas pu rééditer par la suite, réalisant 4h19 en 2013 et 4h26 cette année, malgré un parcours sans faute jusqu'au 32e kilomètre. "J'envisageais vraiment cette année de passer en dessous de la barre des 4h de course. Mais je suis fier d'avoir fini mon troisième marathon, je sens même que je récupère beaucoup mieux cette fois-ci que précédemment."
Avec des performances en nette progression, Fabrice avait le potentiel le 6 avril dernier pour atteindre son objectif. Car depuis quelques mois, il a changé de méthode d'entraînement et se laisse guider par des pro.
Progresser grâce au club
En effet, fin 2013, incité à nouveau par ses collègues, il se joint "pour voir" à quelques séances d'entraînement du CSL Neuf-Brisach.
Depuis, Fabrice a réalisé quelques performances qu'il attendait depuis longtemps et qui le surprennnent lui-même : "Après quelques mois d'entraînement en club, j'ai réalisé mon meilleur temps sur un 10km, lors de la course de Ribeauvillé Vignes et Remparts, où j'ai fini en 47 minutes et 18 secondes."
Courir avec le club, ou avec ses collègues : c'est là que Fabrice se sent le mieux.
Il faut dire qu'avant d'être au CSL Neuf-Brisach, Fabrice rechignait à faire du fractionné. "J'ai besoin de quelqu'un pour ça, je n'y arrive tout bonnement pas tout seul. C'est pareil pour les sorties longues, si je suis seul, je laisse tomber. Pour le marathon, je me suis entraîné sur des sorties longues avec un ami de mon village."
Sur sa saison de cross, il a réalisé un meilleur classement cette année aussi, devançant quelques collègues qui finissent d'habitude devant lui. En préparation du marathon, il réalise 4 minutes de moins sur le semi de La Wantzenau qu'en 2012.
"Les séances de montées d'escalier à Vieux-Brisach sont payantes, et les fractionnés sur la piste d'athlétisme également. Je sens que ma résistance a augmenté, et l'encadrement est là, je ne suis plus tout seul à me demander ce qu'il faut que je fasse pour progresser..."
Finalement, il semble qu'il ne manquait à Fabrice qu'un peu de réassurance et d'exercices appropriés, pour obtenir, en plus du plaisir de la course, la satisfaction de meilleurs résultats. Avouons qu'il le méritait bien.
Le sourire du finisher.
L'auteur, Elyse Moreigne
Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse,
parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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