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Handicap
Course à pied
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Et un, et deux, et Dunes d'Espoir...

Il y a des enfants qui marchent, d'autres qui préfèrent courir. Et puis il y a ceux que le handicap a cloués dans un fauteuil - et pour qui l'usage des jambes est impossible.

"Qu'à cela ne tienne, ils pourront courir quand même" affirme l'association Dunes d'espoir. "Nous les emmènerons avec nous en joëlette".

Lorsque des coureurs s'unissent autour d'un enfant qui peut enfin vivre sa première course en live, au même rythme que tous les autres participants - voilà un geste de solidarité qui change vraiment le regard sur la différence.

Prêter ses jambes pour atteindre l'inaccessible

Le concept de Dunes d'espoir dans les cinq antennes françaises est de faire participer à des compétitions de course à pied des jeunes qui, du fait d'un handicap moteur, ne peuvent pas marcher.

Sur le terrain, c'est très simple : 8 coureurs tirent à tour de rôle une joëlette dans laquelle l'enfant a pris place. Il est à la même hauteur que tout le monde, et vit, comme les autres, la course de l'intérieur.

"Notre volonté est d'insérer le jeune tel qu'il est", affirme Gilles Armand, président de l'association. Et si tous ont un handicap moteur, "nous ne savons pas lequel exactement et nous ne voulons pas le connaître. Nous respectons la pudeur des familles face à cela."

En Alsace, depuis 2009, "nous essayons de participer à une course par mois", précise Serge Nussbaumer, responsable de l'antenne locale. "Nous sommes bien accueillis, les coureurs nous connaissent et certains organisateurs font même la grimace lorsque nous ne pouvons pas venir. D'autres nous reversent carrément une partie de leurs bénéfices !" Un acte très généreux, très en phase avec l'idée de don de soi que le coureur connaît bien.

Quelles que soient les conditions climatiques et le niveau de la course, les Dunes d'espoir Alsace emmenent les enfants au galop.

On les retrouve à travers les vignes, en plaine, dans les bois, et même sur des parcours plus ambitieux tels que le semi-maraton du Mont Ste Odile, avec ses 500m de dénivelée positive, voire sur le trail du Haut-Koenigsbourg : "des endroits où ils ne pourraient autrement jamais se rendre, l'accès étant impossible en fauteuil roulant", indique Serge Nussbaumer.

Un finish en marchant, lorsque c'est possible, comme ici avec Matthieu sur la ronde des bûcherons à Schirrhein

Être dans le rythme de la course

L'esprit de l'association est en effet de "démontrer, par notre participation à des compétitions sportives de haut niveau, que ce qui est réalisable dans un domaine d’exception l’est, à plus forte raison, dans la vie de tous les jours."

Gilles Armand est fier d'annoncer une participation à 100 courses par an sur toute la France. "Nous voulons êtres présents sur les événements qui drainent le plus de monde, pour réaliser une vraie course, l'objectif étant de finir 'dans le paquet'."

Pour ne pas "gêner" au moment du départ, Dunes d'espoir s'arrange avec les organisateurs : "Nous partons quelques minutes avant le top officiel, nous empruntons un parcours un peu différent si nécessaire, il y a toujours une solution". Pourtant, cela ne va pas sans réticence, parfois, à laisser s'engager la joëlette sur des chemins peu praticables. Et lorsque les organisateurs, cas rare, "font la sourde oreille, c'est agaçant", déplore Serge.

Car les cylindres, c'est-à-dire les coureurs de l'association, qui portent le t-shirt jaune estampillé Dunes d'espoir, sont des coureurs entraînés. Ni la vitesse, ni la dénivelée, ni la distance ne les inquiètent. "L'idée est de vivre la course avec de vrais efforts", rappelle Gilles.

Ce qui sera le cas en Alsace sur le Circuit des grands crus à Rouffach ou la MAC 6 à Niederbronn, les prochaines courses auxquelles l'antenne locale prendra part. "Avec une participation meeting national au trail de la Hasel, le 21 juin, avec 4 joëlettes déjà prévues", confirme Serge Nussbaumer.

Sur les o'nze d'Obernai 2013, avec Raphaël

Faire tomber les distances - et les barrières

De telles équipes permettent à Dunes d'espoir d'engager des projets plus ambitieux.

Ainsi, "nous organisons des déplacements sur des week-ends, pour participer à des événements internationaux", comme le marathon de Rome ou celui d'Istanbul en 2014. "Nous avons déjà emmené plusieurs enfants sur des courts séjours, en Guadeloupe ou au Sénégal en 2012, sur des distances de 100 jusqu'à 160km".

De quoi contribuer au bonheur aux enfants : "Quand nous rentrons de ce type de séjours, les parents nous disent que leurs enfants sont super heureux, ils sont boostés pour 15 jours et attendent avec impatience la prochaine course", se réjouit Serge.

L'air de rien, Dunes d'espoir apporte cette petite note qui change tout. "Les jeunes changent d'état d'esprit. On ne peut pas parler d'évolution dans le handicap, mais ça permet quelques petits miracles. En 2010, nous sommes partis en Jordanie avec une jeune fille de 16 ans atteinte d'une maladie osseuse. Il lui était impossible de marcher. Là-bas, elle a réussi à faire quelques pas dans le désert".

De telles expériences permettent de "repositionner leur système de valeur : en étant dans la compétition ils se battent et deviennent des parents-enfants comme les autres".

Et dans le sport, comme le souligne Serge, il arrive un moment où "toutes les barrières tombent avec la fatigue."

Grand projet 2012 : raid de 100km, "la piste des Oasis", au Sénégal

Les besoins de l'association

À l'origine, c'est un membre d'une équipe médicale, qui a eu envie de faire quelque chose pour les jeunes handicapés qu'il côtoyait dans son travail, en les amenant dans un monde qui n'a en général rien à voir : celui des coureurs.

"Cela fonctionne très bien sur la région parisienne, car nous avons des entrées", indique Gilles. "Mais partout en région, alors que notre souhait est de rompre l'isolement des jeunes qui ont un handicap moteur, nous avons plus de difficultés."

Une difficulté à convaincre les parents que confirme Serge : "Il est difficile d'entrer en contact avec des personnes différentes, d'autant que les bénévoles de notre association en Alsace ne sont généralement ni en lien avec le milieu hospitalier, ni avec celui du handicap", constate-t-il. "Le message envers les familles ne passe pas forcément. Nous nous heurtons à un frein psychologique des parents. Nous avons du mal à trouver des jeunes qui soient suffisamment détachés des liens familiaux. Les parents vivent une vie de fou et s'accordent difficilement un temps sans leur enfant."

Mais lorsque l'idée est acceptée, la confiance s'installe : "Cinq ou six enfants viennent régulièrement sur des séjours, il se crée un lien particulier entre nos équipes et ces jeunes."

En Alsace de nombreux jeunes font partie de l'équipe des pilotes des joëlettes, comme le confirme Serge : "Nos pilotes alsaciens ? J’ai peur d’en oublier : on va citer Nicolas et Capucine (jumeaux), Aude, Gaspard, Alexis, Raphaël, Matthieu, Jules, Eloïse, Camille, Riad, Victor, Stéphane, Jean, Judicaelle ; de plus anciens : Mamadou, Chloé, Paul Adrien… Et Théo et Corentin (jumeaux), partis en Isère et que nous n’oublions pas, puisque nous partons chez eux courir le Tour du Lac d’Aiguebelette le 1er juin."

Si vous êtes coureur et que vous participez à des manifestations de course à pied en Alsace, vous les croiserez forcément bientôt, au rythme de leur "et un... et deux... et Dunes d'espoir !"

 

Les Dunes d'espoir, sur le triathlon d'Obernai 2013, avec Capucine et Nicolas, trop heureux d'être menés en barque


En savoir plus :

Le site national des Dunes d'espoir : http://www.dunespoir.com/

Les dernières participations en Alsace : http://www.dunespoir.com/les-comptes-rendu-des-courses/par-antenne/l-alsace.html

Le calendrier des prochains événements représentés en Alsace

Et en vidéo :

- un reportage d'Alsace20 où Chloé résume très bien le sentiment de bien-être partagé : "moi je préfère quand on court". Malgré son handicap, elle a "couru", comme les autres - avec le même objectif, la même envie de dépassement de soi.

- un petit film sur le trail du Haut-Koenigsbourg, très touchant :

 Bravo à tous !

 


L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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