Vétéran - et loin devant !
Sur les compétitions de course à pied, on rencontre toujours des coureurs de tous niveaux, de tous âges.
Parmi eux figurent bien sûr de nombreux "anciens", dont quelques soixantenaires qui tiennent une forme éblouissante.
S'il est acquis que leur âge est synonyme de vénérabilité et de sagesse, c'est aussi par leurs performances que certains imposent le respect.
Michel Wagner a 62 ans. Cela fait de lui un vétéran niveau 3. Et il a un niveau de compétiteur qui fait pâlir d'envie.
(Sur la grimpée du Hohrodberg)
Une énergie débordante - depuis toujours ?
À le voir galoper avec tellement d'aisance, on se dit que cet homme-là a été taillé dans une matière spéciale.
Une question d'énergie et d'envie aussi, car Michel et la vitesse, ça a commencé dès l'âge de 12 ans : "à l'époque, nous n'avions pas de télévision, donc nos jeux se passaient dehors. Avec des amis, nous avions trouvé l'idée de courir en faisant des tours de quartier chronométrés", confie-t-il. Se défouler en courant plaît beaucoup à Michel, il reçoit sa première médaille au cross du collège et continue à courir régulièrement. Vers l'âge de 19 ans, il s'essaie à la compétition automobile pendant quelques années. Il fait également partie, à cette époque, d'un club de basket. Envie de prendre de la hauteur, peut-être ?
Afin de combiner vitesse, précision et besoin d'espace, il revient à ses seules baskets en 1975, en participant à la première édition des Crêtes vosgiennes. Une course qu'il n'a plus jamais lâchée depuis : il a participé à 35 des 38 éditions, soit en mode mini-crêtes, soit sur le 33km.
De là, Michel enchaîne dans la course en compétition : il s'engage sur tous les cross avec quelques copains, et fait peu à peu évoluer la distance. Il participe au premier marathon de Rouffach, et une dizaine de fois au marathon de Neuf-Brisach, "y compris lors de la dernière édition".
(Michel - dossard 443 - dans les années 80, au départ des crêtes vosgiennes, col du Calvaire)
Un paysage sportif qui a beaucoup évolué
Des courses qui ne diront peut-être rien aux plus jeunes, et c'est normal. Car comme Michel l'indique : "Quand j'ai commencé la compétition, il n'y avait que quelques courses au programme dans la région." Ces courses ont, entre-temps, pour la plupart disparu : marathon de Neuf-Brisach (avec 30 éditions dont la dernière en 2000), course de la St Sylvestre à Kientzheim (1973-2006), course des 5 châteaux d'Husseren (30 éditions, dont la dernière en 2005).
Parmi celles qui restent : marathon des crêtes vosgiennes, Grimpée du Hohrodberg figurent toujours au programme de Michel. "Ces dernières années, j'ai une préférence pour les courses nature ou trails".
Cela se voit effectivement, car Michel obtient de très bons résultats : 2e V3 au Trail du Haut-Koenigsbourg (24km, 850m D+) cette année en 2h28 (241e sur 683 participants), 3e V3 au semi-marathon du Mont Ste Odile (21,1km, 540m D+) le 20 octobre dernier en 1h59 (183e sur 475 participants).
"À l'époque, la distance maximale tournait autour des 42km, alors qu'aujourd'hui, les trails longues distances sont à la mode. Je me déplace depuis plusieurs années à Chamonix pour le cross du Mont-Blanc, et là aussi ça a beaucoup évolué : ajout d'un marathon, puis d'un km vertical et maintenant 80km. Avec un très fort engouement, puisque les places se sont arrachées en quelques heures cette année, alors qu'on s'inscrivait en avril il y a trois ans encore !"
Un avantage certain de cette mode de la course à pied et du trail, c'et toutefois qu'il y a "plus de choix actuellement, avec même plusieurs courses sur un seul week-end".
La régularité pour durer
Un demi-siècle s'est écoulé depuis que Michel enchaînait les tours de quartiers. Ce qu'il recherche avant tout ? "Dans les compétitions, je recherche surtout une bonne ambiance. J'adore aussi me laisser prendre au jeu et me surpasser - même si au départ je me dis que je devrais y aller plus cool..."
Ses entraînements sont bien encadrés : "Je fais une sortie sérieuse avec mon fils, ainsi que mon frère et un ou deux amis le mercredi. Nos séances durent entre 1h15 et 2h30 et dépendent de la prochaine course programmée : fractionné sur du plat, ou en montée. Je réalise également une autre sortie d'une heure avec ma femme, plus tranquille, en montagne."
Afin de ne pas dépasser certaines limites, Michel a adopté le cardio-fréquencemètre, ainsi que le GPS qui l'accompagne partout. Son objectif ? "J'espère pouvoir courir encore longtemps, et de préférence sur des courses de montagne". Sans dépasser les 50km, un maximum pour notre vétéran.
Et pour compléter son entraînement, il jongle entre les activités : "vélo de route, VTT au gré de mes envies, et en hiver ski nordique et natation."
(Avec son fils, Arnaud)
La recherche d'un pur bonheur
Ce qui intéresse Michel dans la course à pied, c'est que cette activité peut être pratiquée à n'importe quel moment de la journée. À l'absence de contrainte d'emploi du temps s'ajoute peut-être la quête d'un absolu. "Tout au long de ma vie, la course à pied a été pour moi un plaisir, mais au final c'est devenu un besoin, pour rester bien dans mon corps et dans ma tête."
C'est aussi être proche de la nature pour, seul ou accompagné, "pouvoir admirer le changement des couleurs entre les saisons et apercevoir parfois des animaux sauvages... Cela représente pour moi un pur bonheur. "
Pendant toutes ces années de pratique, Michel a rencontré le pire, comme le meilleur. Sa meilleure expérience, c'est celle du marathon de Paris en 2000 : "c'était une superbe ambiance, et une organisation au top". À l'inverse, il n'oubliera pas de sitôt une de ses participations au cross du Mont Blanc. "J'étais super motivé et bien préparé, malheureusement, j'ai suivi le premier groupe qui s'est égaré - nous avons parcouru 5km de plus et j'ai terminé avec une méchante crampe à 500m de l'arrivée..."
Michel souligne aussi que le plaisir de courir peut se concevoir très simplement, sans technologie : "à l'époque, on courait avec des baskets à velcro et sans amorti ! On faisait les cross sans crampon et on n'utilisait pas de boissons énergétiques... Pas de porte-bidon, pas de barres de céréales ou gel... Et pas de montre GPS non plus !"
Voilà une belle démonstration de longévité pour un sport qui n'est généralement pas exempt de cas de blessures - et même si Michel a déjà été blessé, cela ne l'a pas empêché d'aller au bout de la course. "Une période de repos de trois semaines et j'étais de nouveau en train de trottiner."
Et ils sont plusieurs comme Michel à afficher une santé de fer à soixante ans passés : plaisir et obstination sont les ingrédients secrets dont il vous faudra faire preuve pour continuer à courir aussi longtemps qu'eux...
Un engagement à la hauteur de sa passion
Michel Wagner est né le 14 février 1951. Originaire de Wintzenheim, il habite à Colmar. Marié, il a un fils, Arnaud.
En 1990, il est devenu responsable de l'équipe course à pied de la ville de Colmar "GAS" pour les cross corpo. Et peu de temps après, il a rejoint l'équipe de l'AS Munster.
Son fils Arnaud a naturellement été conquis par l'enthousiasme de son père : d'accompagnant, il est devenu le coach de son papa. Et désormais, il gère la communication de la Grimpée du Hohrodberg.
Une Grimpée qui devrait se transformer en trail court en 2015 - donc n'hésitez pas à venir profiter de la dernière "pure" grimpée en 2014 : elle se tiendra le samedi 12 avril, à Munster !
L'auteur, Elyse Moreigne
Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse,
parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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