Un trio de V2 sur le marathon de Strasbourg-Ortenau
Françoise, Fabrice, Serge vont se mesurer à près de 1 200 autres coureurs, dimanche 25 octobre, à l'occasion du quatrième marathon Eurodistrict Strasbourg-Ortenau.
Leur dénominateur commun : la catégorie d'âge. Et un goût prononcé pour la course à pied.
Sur l'épreuve, ces vétérans 2 (V2) n'en seront pas à leur coup d'essai - même si l'expérience de la distance est parfois relativement récente. Au-delà d'une certain performance, tous trois ont envie, sur le challenge strasbourgeois, de partager un moment inoubliable, dans ce sport qui rythme désormais leur vie.
Les jeunes, lorsque vous les verrez, faites de la place aux "vieux" - et contentez-vous peut-être même de les suivre, car il y a de très fortes chances que ces trois-là finissent devant vous.
(De gauche à droite) Serge, Françoise, Fabrice : trois V2 performants.
Accéder au marathon et performer - sans limite d'âge
L'épreuve du marathon, Françoise d'un côte, et Serge de l'autre, l'ont découverte à Strasbourg. Pour Françoise, c'était en 2012 : "Comme je faisais beaucoup de trails, car j'adore courir en montagne, je me suis dit après les Crêtes vosgiennes que, étant données la distance et la dénivelée de l'épreuve, je devrais être capable de réaliser un marathon". Et, à 55 ans, "me voilà inscrite sur la première édition du marathon de Strasbourg-Ortenau".
C'est aussi sur le tard que Serge a découvert la distance : "J'ai participé à mon premier marathon à Strasbourg l'année dernière", nous confie-t-il du haut de ses 52 printemps. Pour lui qui court depuis toujours, mais n'a commencé la piste et le fractionné qu'à 40 ans, "le marathon est l'aboutissement de la course sur route."
À bientôt 59 ans, Fabrice est plus expérimenté, et va courir son 31e marathon à Strasbourg - "le dernier aussi en catégorie vétéran 2", se plaît-il à souligner. Sans objectif particulier, puisqu'il admet être "en petite forme, car je n'ai pas pu me préparer. Ainsi, je ne vais pas chercher à approcher les 3h22 que j'ai réalisés à Metz l'an dernier". Quant à son meilleur chrono, "de 2h47 Echternach en 1993, c'est un lointain souvenir !"
Des scores qui impressionnent, tout comme le négative split de Françoise, ravie par sa première tentative : "j'avais un bracelet d'allure pour terminer en 4h10, et finalement j'ai fini en 4h04. J'étais bien du début à la fin, malgré les jambes un peu lourdes à quelques kilomètres de l'arrivée."
Serge réalise également une très belle performance, mais il subit physiquement l'épreuve. "Je m'étais bien préparé, mais je n'avais pas fait assez de repos avant de démarrer mes premières séances", regrette-t-il. Du coup "j'ai eu des douleurs à la cheville au 35e km, j'ai dû ralentir mon allure et j'ai fini en boitant - terminant avec un chrono de 3h00... et 17 secondes !"
Françoise, fière de sa première médaille de marathonienne, à Strasbourg, en 2012.
Le choix d'un marathon à Strasbourg
Malgré le souvenir d'une météo hivernale sur la première édition du marathon de Strasbourg-Ortenau, Françoise n'hésite pas à revenir prendre le départ de l'épreuve dans la capitale alsacienne. Son choix est dicté par la proximité, car "mon club ne participe à aucun marathon cette année."
Serge, lui, a été conquis par la date, qui permet, "contrairement au marathon de Paris, de se préparer dans de meilleures conditions climatiques".
Pour Fabrice, "ce parcours de Strasbourg sera une découverte. Et si je termine entre 3h40 et 4h en bon état, je serai le plus heureux !" L'autre aspect motivant pour lui de venir courir à Strasbourg, sera de lier l'événement à une visite "à notre fille aînée, qui habite à 500m du départ du marathon". Un avantage que Fabrice conçoit "encore plus agréable à l'arrivée !"
Fabrice et Serge, originaires respectivement de Moselle et de Haute-Saône, font partie des "40% de marathoniens qui viennent d'autres régions, voire d'autres pays", mentionne Claude Schneider, président de l'Office des sports de Strasbourg, co-organisateur de l'épreuve avec l'ACSE (Association des Courses de Strasbourg Europe) et l'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau. Ce pourcentage va dans le sens de donner une dimension transfrontalière encore plus forte à l'épreuve, car "lien symbolique de l'amitié franco-allemande", le marathon Eurodistrict Strasbourg-Ortenau a pour objectif de "faire découvrir et valoriser un patrimoine, une région", indique l'organisateur.
C'est déjà le cas, forcément, pour le parcours, mi-français, mi-allemand, qui oscille entre ville et campagne, avec quelques points de passage phares : la place Kléber (départ), le Jardin des deux rives, la Passerelle Marc Mimram pour rejoindre le centre ville de Kehl, puis le charme rupestre de la campagne côté allemand qui vous permettra une mise en pilotage automatique sur plusieurs kilomètres jusqu'au retour à la frontière alsacienne. Forêt, piste cyclable, monuments seront ensuite au programme pour terminer la boucle.
Pour enjamber le Rhin, le parcours empruntera forcément un pont. Et pour impressionner les concurrents, ce sera ni plus ni moins que l'oeuvre architecturale de Marc Mimram que les coureurs fouleront entre Strasbourg et Kehl. © Crédit photo : Marathon Eurodistrict Strasbourg-Ortenau 2014.
Se sentir bien
Quel que soit le lieu, quelles que soient les conditions météo, pour chacun de nos V2, la course à pied permet d'accéder à un bien-être personnel.
Françoise, qui a commencé à courir en 2009 seulement, suite à un problème de genou lié au vélo, a pris le pli d'alterner entre course à pied et cyclisme. "J'adore courir dans les vignes, seule, à mon allure, selon la forme du moment. Je me sens vraiment bien en rentrant de ma sortie".
Serge apprécie la course à pied "car c'est un sport que l'on peut pratiquer facilement, qui me permet de me vider la tête, d'être plus apaisé et surtout : de prendre les problèmes avec plus de sérénité". De plus, dans ce sport, "je côtoie des gens d'un niveau exceptionnel, qui sont à la fois abordables, très humbles et de très bonne mentalité."
Ce n'était pas évident au début, car, s'il a toujours couru, et pris beaucoup de plaisir à cela, "en 2003, lorsque j'ai pris ma première licence dans un club (Groupe athlétique Haut-Saônois - GAHS), je me suis posé beaucoup de questions sur ma place, mon niveau vis-à-vis des coureurs de ce grand club. Aujourd'hui, je suis fier de porter haut les couleurs du maillot, notamment lors des déplacements dans d'autres régions". Désormais, "mes meilleurs moments sont ceux où je suis sur le podium en équipe !"
Pour Fabrice, le plaisir se trouve aussi dans le partage de sa passion. Son expérience course à pied a démarré au début des années 90, après avoir été au plus haut niveau national en handball, puis un passage par le tennis. "C'est par ce biais que je suis devenu un passionné de course à pied", explique-t-il. "J'ai intégré l'équipe de cross du Rombas athlétic club. Au fil des années, l'équipe s'est bonifiée et renforcée, pour accéder à deux reprises au championnat de France : ce furent des moments de partage très forts !"
Serge : "Je suis avant tout un adepte du cross, pour moi, c'est la base de la course à pied."
Un enthousiasme qui se bonifie avec l'âge
Inspiré par ses résultats, liés aux "saisons de cross qui nous préparaient idéalement pour les courses qui suivaient", Fabrice enchaîne les défis : "semi-marathons, marathons, trails bien sûr, à commencer par ceux qui forment le Trophée des Vosges. Ces courses en pleine nature furent une vraie révélation, au point que j'ai participé à une douzaine d'éditions du Marathon du Ballon d'Alsace (Maratrail, épreuve abandonnée en 2015 - ndlr.), et cette année à mes 18e Crêtes vosgiennes." Pris dans cette dynamique, Fabrice se lance sur "la Diagonale des Fous en 2000", se retrouve "deux fois la Sky Race à Serre-Chevalier, sur les 100km de Cleder, participe trois fois la grande course des Templiers, aux marathons de la Jungfrau, du Mont-Blanc, etc."
Aujourd'hui, pour lui, "la course à pied est devenue un peu plus qu'un loisir ou une façon de rester en forme : quand cela influe sur le temps libre, sur les destinations de vacances, on peut parler d'un mode de vie organisé autour de la course à pied."
Un son de cloche similaire résonne chez Françoise qui, tout comme Fabrice, sera V3 l'année prochaine. "Je ne pourrais pas vivre sans sport ! Tous les ans, je me lance de nouveaux défis : triathlon, trail, Trophée des Vosges, randonnée de 70km cette année". Toujours pleine d'entrain, "l'année prochaine, je ferai pour la troisième fois l'Ardéchoise, mais à vélo, sur 4 jours, avec beaucoup de dénivelée."
Serge continue quant à lui son parcours : "Après avoir testé plusieurs méthodes, j'ai enfin réussi à trouver un juste équilibre dans mon entraînement qui me permet de faire de meilleurs chronos et surtout un très bon classement au niveau FFA". D'ailleurs, fort de cette analyse, "je fais de meilleures courses en tant que V2 que durant mes années V1 : 2014-2015 a ainsi été ma plus belle saison de cross. L'expérience sûrement", conclut-il.
Pour ce trio passionné, enthousiaste - et très bien entraîné - les kilomètres du marathon Eurodistrict Strasbourg-Ortenau ne seront probablement qu'une formalité. Le score, pour chacun d'entre eux, sera-t-il au rendez-vous ? Et à vrai dire, cela a-t-il tellement d'importance ? Tant que l'adrénaline du départ, le plaisir du partage et l'émerveillement de la découverte feront partie du voyage, l'épreuve, de toute façon, sera déjà pleinement réussie.
Fabrice : "quand cela influe sur le temps libre, sur les destinations de vacances, on peut parler d'un mode de vie organisé autour de la course à pied".
Serge, 52 ans, Echenoz (70)
Son entraînement est constitué de 5 séances par semaine : une séance exclusivement foncier, une séance de fractionné 400m, une séance de récupération, une séance 30/30, une séance de travail dans l'allure de course.
Ses chronos en tant que V2 :
- 10km : 37' - "mon objectif 36'30 est possible"
- semi-marathon : 1h19'31 (Strasbourg 2013)
- marathon : 3h00'17 (Strasbourg 2014) - "mon objectif 2h50 est possible"
"Je cours très tôt le matin avant d'aller au travail (pour mes séances de foncier)".
Françoise, 58 ans, Ribeauvillé (68)
Son entraînement : "Je fais trois sorties course à pied par semaine, plus des sorties vélo (dont vélo-taf) : 3 ou 4 fois par semaine."
Ses records perso :
- 10km : 47'40
- semi-marathon : 1h47
- marathon : 3h57
Dans sa préparation marathon, Françoise suit toujours un plan d'entraînement. "Celui d'Asics sur internet me va bien".
Fabrice, bientôt 59 ans, Rosselange (57)
Son entraînement : "actuellement, il est orienté VMA".
Ses records perso :
- 10km : 34'30
- semi-marathon : 1h17'55
- marathon : 2h47
"En passant V3 dans quelques jours, il me faut absolument retrouver un peu de vitesse. Je ne pense pas, toutefois, être en mesure de refaire moins de 40' sur 10km, mais je vais essayer de m'en rapprocher le plus possible".
L'auteur, Elyse Moreigne
Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse,
parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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