Qu'est-ce qui fait courir les filles ? - Portraits | Plaisir du Sport En Alsace
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Féminines
Course à pied
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Qu'est-ce qui fait courir les filles ?

Elles affichent complet bien avant la date limite de clôture des inscriptions, rendent confiantes les plus hésitantes, suscitent un énorme engouement populaire : Mulhousiennes, Steinsoultzoise ou Strasbourgeoise, cette année, les courses "roses", destinées exclusivement aux féminines, ont battu tous les records d'affluence.

Effet de groupe, solidarité féminine ou engagement dans la lutte contre le cancer : qu'est-ce qui joue dans l'hyper-motivation des filles à partager ce moment de course à pied - ou de marche - avec 800, 1 200 voire 15 000 concurrentes au départ ?

Nous les avons interrogées : voici ce qui fait réellement courir les filles.

 

Sur Les Mulhousiennes, le 28 septembre, 1 200 filles étaient au départ. L'épreuve était déjà complète mi-août. (Crédit photo : O. Tisserand)

S'armer, entre filles, et partager une expérience nouvelle

Quand on est une fille et que l'on souhaite se mettre au sport et garder la motivation, ce qui marche à tous les coups, c'est l'émulation entre copines.

Près de Mulhouse, Emilie, 34 ans, a réussi à rassembler un groupe de filles toutes novices en course à pied, déterminées à atteindre l'objectif - alors ambitieux - de réussir à courir progressivement 30 minutes sans souffrir.

Tout a commencé au printemps 2014 : "Je conservais depuis de nombreuses années un plan d'entraînement pour courir 30 minutes, que j'avais glané dans un magazine", explique-t-elle. "Il fallait bien le mettre en pratique un jour..." Il était temps justement, et Emilie décide de proposer à ses amies sur les réseaux sociaux son programme d'initiation à la course à pied.

L'idée séduit et attire des profils similaires au sien. Par exemple Stefania, 40 ans, qui saute sur l'occasion : "le programme semblait réaliste car progressif. De plus, je n'étais pas seule mais entourée de personnes que je connaissais et qui pourraient m'aider à persévérer. Car j'avais bien tenté auparavant de démarrer seule la course à pied, mais j'ai vite abandonné", explique-t-elle, "je croyais naïvement que je pourrai courir d'emblée 15 minutes non-stop, et lorsque j'ai constaté que c'était impossible, j'ai pensé que je n'avais pas les capacités physiques et j'ai aussitôt renoncé."

Pour Angélique, 34 ans, l'entrée dans le défi se faisait "à partir de rien : dispensée de sport à l'école suite à des soucis de santé, je ne pratiquais rien en dehors de la marche. J'ai été emballée par l'idée d'Emilie, car, pour une fois, cela rendait la course à pied accessible pour moi. Un petit groupe s'est formé, toutes solidaires et quasiment toutes de même niveau."

En région strasbourgeoise, des démarrages similaires sont déclenchés par des rencontres. Ainsi, Pascale, 47 ans, s'est mise à courir il y a quatre ans, en rejoignant des groupes de coureurs via les réseaux sociaux. Carine, 39 ans, ne se décidait pas non plus à partir seule, jusqu'au jour où elle fait la connaissance "de celle qui est depuis devenue mon amie, avec qui j'ai fait mes premiers pas dans la course à pied."

Les barrières psychologiques sont nombreuses à la pratique sportive - l'effet de groupe aide à les dépasser. Ici, au départ de la Steinsoultzoise, qui a tenu sa première édition le 11 octobre 2014.

Oser d'abord défier la distance - sur des parcours sur mesure

Une fois aguerrie par quelques mois d'entraînement, se lancer sur une vraie course représente pourtant encore un nouvel effort et un réel défi en soi.

Les courses féminines ont bien compris qu'il n'était pas aisé de franchir ce pas-là, d'où leur choix d'une distance accessible au plus grand nombre : invariablement 5km, que ce soit de jour, comme à Steinsoultz ou à Mulhouse, ou en nocturne, comme à Strasbourg.

"Les Mulhousiennes était un aboutissement de notre petit parcours : pile les 5km", s'enthousiasme Angélique. Y participer coulait de source : "c'était d'abord pour relever le défi sportif pour lequel nous nous entraînions depuis des mois", indique Emilie. "Et comme c'était pour une bonne cause, la décision de s'inscrire a été prise rapidement."

Bien qu'elle ait réussi à tenir à l'entraînement les 30 minutes non-stop, Stefania n'a pas pu participer à la course : "Alors que je commençais tout juste à prendre du plaisir dans la course à pied et à envisager de nouveaux défis, j'ai commencé à souffrir du genou. Les douleurs ont empiré, et, après divers examens radiologiques, le spécialiste que j'ai consulté m'a annoncé qu'il valait mieux renoncer définitivement à ce type d'activité".

Ce qui a compté pour Stefania, c'est la progressivité et le soutien moral : "La cohésion du groupe, les encouragements réciproques m'ont permis de surmonter les souffrances initiales (manque de souffle) et ont été capitaux dans la réussite du programme", souligne-t-elle.

Angélique est ravie d'avoir su se dépasser : "C'était un grand défi pour moi, de pouvoir me prouver que je pouvais faire comme les autres. Finir le parcours avec Emilie a beaucoup compté également. Nous nous sommes encouragées jusqu'au bout, c'était top !" Ce que confirme Emilie : "Nous nous sommes motivées mutuellement, c'était très efficace."

Et toutes affirment en choeur : "nous sommes super fières de ce que nous avons atteint : partir de rien pour réussir à courir 30 minutes sans souffrir."

Roses, heureuses, victorieuses : les filles qui courent sur les épreuves dédiées vont jusqu'au bout avec le sourire, comme ici, sur la Steinsoultzoise.

Unies et fières dans la solidarité et l'émotion

Au coeur de l'événement, une fois lancées dans la course, nos runneuses sont impressionnées par ce qu'elles y trouvent.

L'émotion est palpable chez Emilie : "D'abord parce que c'était une première. Et puis se retrouver au milieu de 1 200 femmes qui courent ou marchent toutes pour se battre contre le cancer, c'est émotionnellement fort." Fière d'être arrivée au bout, Emilie a "bien failli verser une larme lors du franchissement de la ligne d'arrivée."

Une grande ferveur s'empare également de chacune à l'idée d'apporter sa pierre à l'édifice de la recherche contre le cancer. "Personnellement très touchée par la maladie", indique Angélique, "c'était une évidence que je devais courir Les Mulhousiennes. L'esprit de solidarité a joué. Et puis quelle joie, quelle fierté d'avoir participé. C'est une très belle expérience humaine et sportive."

De même Lilly, 50 ans, à Strasbourg, est "très sensible à ce type de manifestations. Je suis féministe : sans être extrémiste, ni sectaire, je défends et j'adhère à toutes les causes ou manifestations qui concernent la femme." Lilly a été particulièrement touchée par "la déchéance d'une amie atteinte après une rechute d'un premier cancer il y a dix ans, et son décès l'an dernier en septembre. C'est un drame : une réelle perte d'identité tellement le corps se détruit..." Lors de ces courses, "je suis émue de voir tellement de personnes se mobiliser", indique-t-elle.

Carine, n'est pas touchée personnellement par le cancer, mais "étant infirmière, j'y suis confrontée tous les jours. Pas facile, d'autant plus quand ce sont des personnes du même âge que moi, des mamans - comme moi -, des filles ou des grands-mères. Nous sommes toutes concernées de près ou de loin." En octobre 2013, elle participe à La Strasbourgeoise : "c'était aussi ma toute première course entre copines. La motivation d'être là a pris tout son sens. C'était une super ambiance."

En dehors du message très fort, Pascale, qui vient bien sûr par solidarité, apprécie "surtout l'ambiance, tellement festive ! Je n'y cherche aucune performance car le nombre ne le permet pas, mais je cours en tenue féminine et rose avec des amies et nos boas en plumes - roses aussi. On attend la moins rapide du groupe, l'idée étant d'être ensemble. C'est si joli, cette vague rose dans les rues de Strasbourg - et l'ambiance est vraiment fantastique. C'est pour cette raison que je me réinscris chaque année à La Strasbourgeoise."

Une vague rose de 15 000 participantes a déferlé le 10 octobre dans les rues de Strasbourg. Ici à l'occasion de La Strasbourgeoise 2013 (Crédit photo : Hervé Gress).

Courir : une nouvelle façon de vivre

Au-delà de l'événement ponctuel, la course à pied a ouvert de nouvelles perspectives à toutes ces femmes.

Pascale, Stefania et Angélique avaient besoin de se vider la tête après le travail. "Objectif pleinement atteint aujourd'hui", affirme Pascale, "et maintenant j'adore ça. Et puis je me suis réconciliée avec les éléments : j'adore courir sous la pluie quand la douche chaude n'est pas loin, j'ai aussi pris goût à la course nature."

Pour Emilie, l'objectif avec la course à pied était "d'entretenir ma forme de manière régulière pour garder la ligne. Je ne suis pas très sportive de nature, j'avais un niveau acceptable en course à pied pendant ma scolarité, et c'est surtout en voyant les coureurs des bords de l'Ill à Sausheim que l'envie de courir m'a reprise. Et maintenant que le rythme des 30 minutes est bien installé, j'ai envie d'augmenter progressivement." Sans se mettre trop de pression toutefois, "je savoure le fait que la course soit un plaisir, c'est quelque chose de précieux que je souhaite conserver."

Elle ajoute : "En plus, mis à part l'achat d'une bonne paire de chaussures, c'est un sport gratuit, qui peut se pratiquer partout, tout le temps."

Un argument que confirme Angélique, qui reconnaît : "Faut pas se mentir, mon corps se tonifie, c'est encourageant. Après un footing, je me sens bien, c'est indéniable : quelle joie !" Afin de garder ses acquis et même améliorer ses performances, Angélique continue à courir une à deux fois par semaine.

Stefania a trouvé que "petit à petit, ce qui était une obligation que je m'imposais intellectuellement est devenu un plaisir, un besoin, quelque chose que mon corps réclamait. Comme en randonnée, je parvenais à me vider la tête au grand air, mais plus rapidement et sans les contraintes de déplacement. Je regrette réellement d'avoir dû renoncer à cette activité, mais je suis heureuse d'avoir relevé ce défi personnel grâce aux copines."

"Ce qui me semble indéniable", poursuit-elle, "c'est qu'avec un programme de démarrage adapté, la course à pied est un sport où on peut progresser de façon spectaculaire (nous avions toutes du mal à tenir une minute au démarrage), ce qui en fait une activité super motivante. D'autant plus qu'elle est aisément praticable par tous, où qu'il se trouve et quels que soient son emploi du temps et ses contraintes professionnelles ou personnelles."

Pour Carine, "le dépassement de soi, la fierté de l'avoir fait : c'est ça qui me fait courir. Même si cela surprend mes collègues - car j'ai du mal à marcher normalement les jours qui suivent la course", s'amuse-t-elle.

Pascale apprécie de pouvoir "manger ce que je veux et garder ma ligne ! Et puis le bien-être que cela procure, la gestion du stress, le plaisir d'être dehors, le sentiment de se forcer parfois et le plaisir d'y être arrivée, d'aller toujours plus vite : je me sens vivante !"

Pascale s'est inscrite à Ladies run à Strasbourg pour continuer à progresser, car "je veux faire du fractionné, mais seule, c'est trop dur".

Ladies Run propose aux filles de Strasbourg des entraînements collectifs au Parc de l'Orangerie.


Les événements course+marche au féminin en Alsace sont désormais au nombre de trois :

Les Mulhousiennes : première édition le dimanche 28 septembre 2014 avec 1 200 participantes, inscriptions closes mi-août.

La Steinsoultzoise : première édition le samedi 11 octobre 2014. "Nous avions au préalable prévu 300 inscrites (capacité totale de la salle des fêtes du village) puis, vu l'ampleur que prenait l'événement, nous avons stoppé à 800 dès le 20 septembre pour éviter de devoir gérer l'ingérable et créer plus de torts que de bien", indiquent les organisateurs.

La Strasbourgeoise : 5e édition le vendredi 10 octobre 2014. Inscriptions closes à 15 000 participantes dès le 22 septembre. 


L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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