Laurent, traileur de l'extrême - Portraits | Plaisir du Sport En Alsace
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Laurent, traileur de l'extrême

Pourvu d'un caractère audacieux, tenace et imperturbable, Laurent, 43 ans, possède tous les atouts pour pratiquer du sport en milieu montagnard. 

S'il court depuis toujours, il ne s'est mis à la pratique du trail qu'il y a trois ans. Il a alors très vite fait le tour des courses nature proposées en Alsace, et s'est mis à en vouloir plus : aller plus loin, plus haut, et toucher à ses propres limites.

Le besoin d'en vivre davantage, associé à cet amour inconditionnel d'une nature rude et spectaculaire, l'ont amené à s'engager sur le Trail des Mascareignes en octobre 2013, et à franchir il y a peu la ligne d'arrivée de la MaXi-Race d'Annecy.

Tout ça pour vivre des moments d'une beauté et d'une intensité exceptionnels. Et déplacer une fois encore son propre niveau de compétence - et d'exigence.

 

Laurent, finisher du Trail des Mascareignes et de la MaXi-Race.

Un sauvageon indomptable

Il ne faut pas s'y fier : derrière son sourire avenant se cache un "homme des bois", comme Laurent se décrit lui-même. Pour qui le mode opératoire, c'est l'instinct. 

Ainsi, lorsque ses contraintes professionnelles sont derrière lui, la moindre occasion est prétexte à retrouver la montagne. "S'il fait chaud et beau, j'ai envie de sortir en profiter le soir. Je ne me pose pas trop de questions, je chausse mes runnings et j'y vais."

Par "y aller", Laurent entend aller prendre un bol d'air pur en forêt, vers les sommets vosgiens, en courant, le plus souvent. "Je cours depuis toujours, et j'ai toujours aimé évoluer en montagne : randonnées, escalade, alpinisme, VTT... Il y a trois ans, j'ai découvert la course nature et le trail. Je retrouvais les sentiers des Vosges en course à pied - et en même temps s'offrait à moi une sensation de liberté inégalable".

Depuis Guebwiller où il habite, son terrain de jeu est bigrement pentu, et l'amène en quelques kilomètres au sommet de l'un ou l'autre Ballon. "Je fais souvent des sorties avec 1 000m de dénivelée positive, en partant de chez moi."

Son objectif, c'est de se faire plaisir : "je ne cherche pas à améliorer à tout prix mon chrono, ni à gagner une médaille ou à attirer les sponsors. Je fais des sorties nature, le plus souvent avec dénivelée. Je cours aux sensations : si j'ai envie de monter, j'y vais, si je préfère cheminer le long d'un sentier technique, le coin en regorge."

Avec un tel entraînement, et plus ou moins 20km et 1 000m de dénivelée positive de façon régulière, pas étonnant que le corps et l'esprit en viennent à réclamer un peu plus. Surtout lorsqu'on appâte Laurent avec des arguments qui font mouche.

Auto-portrait, le temps d'un arrêt fugace, pour garder un souvenir des paysages grandioses de la MaXi-Race.

La recherche d'émotions fortes

Ainsi, c'est lorsque des amis coureurs évoquent l'idée de retourner sur le Grand Raid de La Réunion, pour participer non pas à la mythique Diagonale des Fous, mais à une course un tout petit peu moins folle : le Trail des Mascareignes, que Laurent laisse parler son coeur et s'engage aussitôt. "Dans cette idée, j'ai vu à la fois l'occasion de passer 15 jours de vacances à La Réunion, de faire une grande course - bref : de réaliser ma première grande compétition en ultra-trail, le tout dans un paysage que je ne connaissais absolument pas."

Sur ce premier ultra, les émotions ont beaucoup compté : "c'était ma première course avec un niveau aussi élevé", confie Laurent, "ça vibrait beaucoup, l'appréhension était très forte. J'ai eu des moments de faiblesse où j'ai cru que je n'y arriverais pas. Mais il y avait tous ces inconnus qui m'encourageaient, un sms de soutien reçu de ma soeur en pleine nuit..." Des moments inoubliables.

"Les Mascareignes, c'est une course que j'ai vécue intensément, avec des paysages magnifiques, des couleurs incroyables. Le lever de soleil, en pleine ascension, était spectaculaire." Pourtant le parcours était périlleux : "certains passages étaient beaucoup plus techniques que ce qu'on peut connaître ici, je me suis tenu aux branches, aux rochers dans les ravines, je trouve même que c'était dangereux parfois."

Qu'importe le risque puisque les images restent. Et lorsqu'il se rengage pour un ultra encore plus exigeant, avec la MaXi-Race d'Annecy, c'est pour emmagasiner d'autres souvenirs. "Le lever de soleil, une fois au sommet, était à couper le souffle."

Sur la MaXi-Race, le soleil s'est levé au-dessus d'un épais tapis de nuages. "En pleine course, je ne m'étais même pas rendu compte que nous avions traversé les nuages."

Le mental de la victoire

Cette deuxième course ultra, c'est le moyen pour Laurent de continuer dans sa progression, dans la recherche de ses limites. "C'est clair que c'est du dépassement de soi", admet-il.

Et quel que soit le niveau du challenge, Laurent fait tout pour y arriver. Car même s'il n'est pas compétiteur pour un sou et se moque de son classement, notre traileur est déterminé à aller jusqu'au bout de ce qu'il entreprend. Son credo c'est : "tu continues, c'est comme ça." Aussi intransigeant avec lui-même que l'est le milieu montagnard avec l'humain.

Pour mettre toutes les chances de son côté, Laurent suit tous les bons conseils possibles : en contact avec des ultra-traileurs régionaux, il s'enrichit de leur expérience pour sa préparation et sa gestion de course.

Fort d'un éventail de recommandations, il ne s'est jamais senti dans le rouge sur la MaXi-Race. "Je suis resté en-deçà de mes capacités tout le long. J'ai bien ressenti un coup de fatigue dans la matinée, mais c'est passé, et j'ai pu me relancer après, sur les faux-plats, dans les descentes. Sans forcément aller très vite, j'ai réussi à doubler plusieurs personnes dans la descente finale, car je n'avais pas les cuisses cramées."

S'il a pu compter sur son expérience dans la gestion de l'effort, c'est aussi parce qu'il s'est familiarisé avec la course en amont, avec le souci de chaque détail, qu'il a réussi à achever ce nouvel exploit. 

Au pas de l'Aulp, sur la MaXi-Race.

Une préparation méticuleuse

Car, déformation professionnelle ou pas, Laurent est attentif au moindre détail. Il écope de fortes responsabilités et ne peut pas se permettre d'écart : "c'est un métier très minutieux, très précis", explique-t-il.

Ainsi, "sur la MaXi-Race, j'avais besoin de faire une préparation du tracé : je me suis fait des fiches de repères, avec la distance, les barrières horaires, les montées, descentes. Je connaissais un peu les lieux pour y être venu en vacances." Mais ce qu'on croit connaître peut desservir, puisque "j'ai fait un amalgame entre les lieux : au col de l'Aulp, je pensais que nous étions au bout de la montée, alors qu'en réalité il fallait encore franchir le pas de l'Aulp - quand j'ai vu le mur à gravir qui nous attendait, j'ai dû sacrément prendre sur moi..."

Ce qui l'a aidé, c'est de travailler à la fois le physique et le mental, en s'astreignant à un planning d'entraînement régulier et en confiant à des mains expertes la détente avant l'effort.

De fait, à un mois de l'échéance, Laurent avait programmé des "week-end chocs : deux jours d'activité intense", explique-t-il, "avec le samedi entre 17 et 25km et au moins 1 000m D+, le dimanche une randonnée de 6-7h d'environ 20km ou plus, et le soir, au retour de randonnée, je partais courir 10-15km avec un peu de dénivelée." Une accumulation d'effort qui lui permet de travailler la résistance, aussi bien physique que mentale.

La semaine précédant la MaXi-Race, Laurent s'est également octroyé deux séances de kiné, "histoire de bien détendre tout le corps". Il s'est par ailleurs rapproché d'une sophrologue du sport, Amandine Flock, qui intervient sur le secteur de Saint-Louis, avec laquelle il se prépare mentalement à l'épreuve. Très serein, Il court sa dernière séance en footing léger, l'avant-veille de l'épreuve.

Sur ces deux épreuves, il savoure le plaisir de franchir la ligne d'arrivée. "Une fois au bout, je me suis juste dit que j'étais content de l'avoir fait", indique-t-il simplement. "Car à chaque fois que je cours, mon objectif, c'est de garder le plaisir des sensations, quitte à perdre des places au classement."

À l'arrivée de la MaXi-Race, après 16h28 d'effort.

Laurent et l'ultra-trail - une montée en puissance progressive

Même si l'envie d'aller très loin et très haut ne fait pas partie des priorités de tout le monde, le challenge reste accessible si l'on veut suivre l'exemple de Laurent. À condition de ne pas tout vouloir tout de suite.

Les premières fois de Laurent, ce furent les 25km de Rouffach (Circuit des grands crus), suivis des 33km des Crêtes vosgiennes, puis du 42km du MaraTrail du Ballon d'Alsace.

"En 2013, j'étais dans l'euphorie des courses, j'en ai fait plein." Celles qu'il a préférées sont situées en Centre-Alsace, à Ribeauvillé (Tour du Taennchel) et à Kintzheim (Trail du Haut-Koenigsbourg).

Fort d'une expérience sans équivoque, Laurent préconise : "à quelqu'un qui veut se lancer sur un ultra, je dirais surtout d'y aller progressivement. Car courir entre 30 et 45km c'est une chose, ajouter 10-15km de plus, c'est beaucoup, il faut s'en méfier".

Le mieux, "c'est de se faire de l'expérience en distance, et aussi en temps de récupération. C'est normal de ne rien faire du tout pendant 15 jours après une grande course, le corps a besoin de récupérer. C'est le moment de passer à autre chose : VTT, natation". Ceci afin de solliciter d'autres parties du corps, de se régénérer via un autre mouvement que celui de la course.

Un travail de préparation et d'entraînement qu'il a le plus souvent fait seul, car si Laurent a cherché à apprivoiser les objectifs élevés qu'il s'était fixés en intégrant des clubs, il n'a pas trouvé ce qu'il cherchait. "J'avais fait la démarche, car je cherchais le côté convivial du groupe. J'ai essayé dans deux clubs, mais il y avait d'un côté trop d'esprit de compétition, de l'autre, je n'arrivais pas à être à l'heure aux entraînements et il y avait de la route - tout ça a fait que j'ai laissé tomber l'idée." Pourtant, pour Laurent, les sorties à plusieurs, "c'est plus motivant". En groupe, "ça fait moteur : on fait des sorties plus longues, on fait du fractionné..."

Retour à la case entraînement en solitaire, donc, pour notre homme des bois. Mais qu'à cela ne tienne : en attendant qu'une nouvelle opportunité se présente, il a encore inscrit une grande course à son programme 2014 : "Je vais courir la CCC en août (101km et 6 100m D+). Après, je ne sais pas. Rien n'est défini."

De la lassitude, chez notre ultra-traileur ? Ceux qui le connaissent bien savent qu'il n'en est rien : Laurent laisse le hasard bien faire les choses - il attend juste, désormais, son prochain coup de coeur.

Un paysage qui laisse envisager un profil de course idéal pour Laurent.


Le palmarès de Laurent en ultra-trails :

MaXi-Race d'Annecy (30 mai-1er juin 2014) : 86km, 5 300m D+

Classé 735 sur 1 140 finishers en 16h28.

Trail des Mascareignes (édition 2013, La Réunion) : 70km, 3 500m D+

Classé 492 sur 896 finishers en 16h26.

"Deux petites minutes de différence entre les deux courses", souligne Laurent, "alors que le format n'est pas le même !"

Eh oui : il y a vraiment de quoi être fier.

Après le passage de la ligne d'arrivée du trail des Mascareignes, Laurent, tout sourire, savoure sa victoire.


L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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