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Trois filles pour aller au bout d'un rêve - celui du Tour de la vallée de la Thur 2014

Elles seront trois au départ de Bitschwiller le 21 juin prochain. Aventurières ? Têtes brûlées ? Casse-cou ? Même pas : ce sont simplement des jeunes femmes déterminées et prêtes à se lancer dans un défi titanesque - sur un parcours qui ne laissera pas de place au hasard.

Aucune d'entre elles ne s'affirme comme sportive confirmée, et pourtant, elles ont vraiment envie de marcher jusqu'au bout de ce challenge très relevé, limité à 24h chrono, de 89,355km et 4 492m de dénivelée positive.

Tout simplement pour faire, lors de cette randonnée géante, le plein de tout ce qui les anime lorsqu'elles sont en pleine nature.

Des jeunes femmes prêtes à aller au bout d'elles-mêmes.

La motivation par le groupe

C'est grâce à une sortie lancée sur un site internet de rencontres amicales, et notamment sportives, que Camille, 41 ans, Alice, 31 ans, et Florence, 27 ans, ont décidé de mettre le tour de la vallée de la Thur à leur programme sportif 2014.

À date, une vingtaine de marcheurs et autant d'accompagnants en charge de la "logistique" (ie. portage des vêtements de rechange, alimentation, eau, etc.) se sont dits motivés à participer. Un grand groupe qui les a confortées dans leur décision. Car même si elles ne se connaissent pas vraiment entre elles, savoir qu'elles partent à plusieurs, avec une organisation qui les suit, s'avère capital : "C'est important pour moi de pouvoir le préparer avec un groupe et de partager sur l'expérience à la fin", admet Florence.

Pour Camille, la dimension humaine est essentielle également. "Sans le groupe, je n'aurais pas eu envie de me lancer dans cette aventure. Très rapidement, on va se retrouver plus ou moins nombreux, voire en binômes. Mais on saura que les autres sont quelque part, pas très loin, et qu'on est tous dans la même galère."

Alice utilise aussi le terme de "galère" - une situation qui semble courue d'avance, étant donnée l'exceptionnelle dimension du défi - mais elle voit le challenge de façon plus nuancée, plutôt comme une rencontre avec d'autres personnes. "Au départ, on est avec le groupe, mais au fur et à mesure chacun se met dans son propre rythme et les écarts deviennent importants. Du coup, deux heures après le départ, on marche avec de parfaits inconnus, mais on n'est jamais seul. On voit bien que d'autres avancent au même rythme, on se suit, on s'encourage". Plus que le groupe en lui-même, c'est la solidarité entre marcheurs qui ravit Alice.

Faire partie d'un groupe pour oser l'aventure.

Des profils axés endurance, un mental fort - pour un enjeu 100% personnel

Chez nos trois filles, la motivation est bel et bien présente.

Camille, en plus de l'escalade, du touch rugby, de la gymnastique et notamment du trapèze volant, court régulièrement pour se défouler et envisage de se préparer comme pour un ultra-trail. Alice pratique essentiellement la randonnée et part en vacances en trekks. Quant à Florence, en plus des randonnées itinérantes, et depuis peu de la course à pied, ce sont les longues randonnées en aviron qu'elle pratique régulièrement.

De fait, "pas question de s'engager sur un autre circuit que le noir", indiquent-elle en choeur.

"Je veux voir si je suis capable de le faire", explique Alice, "j'ai envie d'aller jusqu'au bout. Je n'ai rien à prouver par rapport aux autres, c'est simplement pour moi que je veux le finir."

Alice a déjà tenté le tour de la vallée de la Thur, en 2013. "Au 62e kilomètre, au moment du petit déjeuner, je ne ressentais pas la fatigue, mais mes talons étaient couverts d'ampoules, et j'ai dû abandonner." Cette année, la préparation sera différente, la crème anti-frottements ne restera pas dans le sac à dos "et je mettrai des chaussures basses, je changerai de chaussettes et de t-shirt régulièrement, ainsi que de chaussures si nécessaire". Pour 2014, "si je n'ai pas de bobo, ça tiendra", affirme-t-elle. "J'ai un mental fort".

Alice, qui s'est engagée sur le tour de la vallée de la Thur par défi personnel.

Florence fera le "Tour-Thur" pour tester ses limites : "et si je le finis, c'est que je ne les aurai pas atteintes".

Quant à Camille : "le sport me rend heureuse et ça me fait dire que la vie est belle. Ce défi est avant tout pour moi une aventure humaine extraordinaire à vivre. Les marcheurs des éditions précédentes ont mis en avant l'incroyable solidarité entre les personnes. J'ai envie de vivre une expérience très forte, dont je me souviendrai toute ma vie. Et si tout va bien physiquement sur le parcours, je pense avoir une grande force mentale pour aller plus loin."

Dépasser la peur de l'inconnu - et vivre un rêve éveillée

Camille continue : "Je pense au Tour-Thur très souvent, ça me fait rêver même si je sais que ça va être difficile. J'imagine des paysages magnifiques, le cortège des lumières à la tombée de la nuit. J'ai une grande faculté à apprécier les petits bonheurs et les moments simples de la vie. Et rien ne me rend plus heureuse qu'un beau paysage ou une belle nuit étoilée..."

Pourtant, il y a un an, quand la sortie est lancée sur le même site pour la version 2013 du Tour-Thur, Camille trouve ça "complètement dingue ! Je me suis dit qu'il fallait être bien fou et que jamais je ne me lancerais dans une aventure pareille." Ce qui l'a fait changer d'avis, c'est "de lire tous les messages d'après Tour-Thur. Ils ont tous dit à l'unanimité qu'ils ne le referaient plus jamais. Mais ils ont tous parlé de leur émotion et de la solidarité qui s'est dégagée dans cette épreuve extrême. Alors l'idée a fait son chemin..."

Alice y voit l'occasion d'aller de l'avant, de dépasser les préjugés. "J'ai envie d'écouter mes sensations, et pas ce que les autres disent. J'ai commencé à randonner il y a quatre ans, je ne faisais pas de sport avant. Cela doit rester du plaisir, et pas de la souffrance."

Sur son tour 2013, elle avait marché seule pendant deux heures à la frontale sur les crêtes. "Je sais me débrouiller par moi-même, j'ai envie d'oser, je n'hésite pas à partir seule, même loin (Jordanie, Tunisie...). Randonner me fait du bien : ça me vide la tête, je prends l'air, ça me donne accès à des endroits privilégiés. On rencontre des gens, on discute, on fait du sport sans même s'en apercevoir. Et les efforts sont récompensés par ce qu'on voit - je n'ai pas besoin de plus."

 Rien ne rend Camille plus heureuse qu'un beau paysage - et ils seront légion sur le parcours.

Florence quant à elle y voit l'occasion de vivre un rêve, "d'une part pour la performance, d'autre part pour l'ambiance qui règne en général sur les randonnées longue distance. J'aime les défis ponctuels, et la préparation d'un événement comme celui-ci me fait rêver bien à l'avance. J'aime les défis qui me permettent de découvrir des endroits magnifiques !"

Une préparation encadrée par le groupe - l'opportunité de bien partager avant l'épreuve

Grâce à l'émulation du groupe, de nombreux entraînements sont programmés. Nos filles s'entraînent depuis le début de l'année sur des randonnées d'une bonne vingtaine de kilomètres, avec un rythme de 5km/h pour 900-1 000m de dénivelée. Quand on sait que, pour finir le tour-Thur, il "suffit" d'avoir un rythme moyen légèrement inférieur à 4km/h, cela semble accessible.

Reste qu'il faudra tenir la distance, et pour ça, elles peuvent s'en remettre aux hommes du groupe qui ont déjà prévu de nombreux parcours de reconnaissance au fil des semaines à venir. D'ailleurs, pour Florence, "les entraînements seront déterminants".

"Je pense m'orienter sur un plan d'entraînement course à pied longue distance", indique Camille, "sachant qu'on ne court pas sur le Tour-Thur, mais qu'il faut gérer la dénivelée. Les sorties longues du plan seront remplacées par les entraînements proposés par les autres membres du groupe."

Quant aux risques, aucune ne souhaite y penser. "S'il devait pleuvoir, cela risque de me démotiver beaucoup", admet Alice. "Au plus dur du challenge, il y aura un moment où on va se dire qu'on aurait mieux fait de rester dans son canapé. Mais finalement, ce sera une expérience qui restera gravée."

L'un des challenges : gérer 4 492m de dénivelée positive.

Des conseils de préparation, équipement, alimentation, de ceux qui ont réalisé le circuit 2013 sont disponibles ici. Florence se renseigne de son côté sur des blogs pour "voir si certains ont un secret pour garder les pieds entiers, mais j'ai l'impression que c'est peine perdue."

Camille se dit qu'avec "une grande majorité de garçons sur l'épreuve, l'ambiance de départ risque d'être fort sympathique. Et en cas de coup dur, ils auront peut-être moins tendance à se plaindre."

Malgré tout, si elles n'arrivaient pas au bout : "Je serais déçue de ne pas faire au moins le 67km, confie Florence, car j'ai déjà fait 50km sans entraînement particulier." Camille avoue aussi que "rien n'est joué pour personne, personne ne sera à l'abri d'un problème physique le jour-J."

Entre les peurs liées à l'absence de sommeil, aux risques physiques, aux caprices de la météo, il faut mettre en amont beaucoup d'énergie pour s'engager sur un tel projet. Mais personnellement, lire cette détermination dans les portraits croisés de ces filles bigrement sympathiques, ça me donne envie d'en faire autant. Alors on est d'accord : rendez-vous à Bitschwiller le 21 juin ?


Un accompagnement logistique top niveau

Alice a fait le constat que ceux qui avaient terminé le Tour-Thur en 2013 avaient été accompagnés : famille, amis... "Je n'avais pas assez profité du groupe logistique l'an dernier, cette année, je veux partir dans l'optique d'avoir un sac à dos allégé au maximum - parce que tous ces kilos, au bout de 60 km, ça pèse".

C'est une autre fille, Peggy, bientôt 38 ans, qui mènera le groupe logistique de main de maître.

Emilie (à gauche) et Peggy (à droite) qui coorganisent cette année encore l'équipe logistique.

Sa motivation, et celle de tout le groupe, au départ, de monter une équipe logistique : "c’était vraiment pour le fun. Avec les autres membres du groupe on pensait juste soutenir moralement les marcheurs, parmi lesquels plusieurs de nos amis, dans ce défi un peu dingue, mais sans penser réellement que ça prendrait une quelconque importance à leurs yeux. On voulait juste être là, et participer à notre manière", souligne-t-elle.

Faire partie de cette équipe de supporters de l'extrême s'est toutefois révélé au final "une vraie aventure humaine, pleine d’émotions. Je pense parler au nom de l’équipe de logistique en disant qu’on a vraiment vécu l’épreuve de l’intérieur, en suivant les marcheurs tout le long du parcours, en apportant notre aide et notre soutien. Pour ma part, c’est en suivant le Tour que j’ai compris ce qui pouvait pousser certains à suivre et participer à de telles compétitions."

La première année, admet Peggy, la préparation s'est faite "un peu au feeling, chaque membre de l’équipe apportant sa contribution : qui pour rouler, qui pour proposer des massages, pareil pour le matériel…. Et au final on n’a vraiment manqué de rien. Pour suivre les marcheurs on avait repéré sur la carte du parcours les points de ralliement possibles et on les avait signalés aux marcheurs. Dès que les derniers étaient passés, on reprenait la route."

La bonne humeur et un soutien sans faille attendaient les marcheurs à chaque point de ralliement.

Il y a eu quelques moments difficiles, liés, essentiellement "à la fatigue due au manque de sommeil et aux temps d’attente de plus en plus longs aux points de ralliement, l’écart se creusant entre les marcheurs au fur et à mesure de l’épreuve. Mais on n’allait pas se plaindre à côté de ce qu'ils vivaient eux!"

Les beaux moments de ce partage : "Sans conteste l’arrivée des deux dernières filles du groupe, Denise et Brigitte. Ce fut un moment chargé en émotions, on ne les a pas lâchées tout au long du parcours et ça a été une vraie victoire de les voir franchir la ligne d’arrivée, et peut-être qu’on y était un peu pour quelque chose… L’arrivée de chaque marcheur bien sûr aussi, le résultat de toute cette aventure. Et ce à quoi on ne s’attendait pas, l’accueil qui nous a été réservé suite à cette initiative et le sentiment d’avoir été vraiment utiles à ceux qui se sont lancés dans ce défi sportif."

Peggy n'envisage absolument pas d'être un jour au départ du Tour Thur. "Je n’ai pas suffisamment le mental sportif ni l’esprit de compétition pour envisager de le faire un jour, même si à l’arrivée je me suis dit que je ferais bien un petit bout de chemin avec les marcheurs la prochaine fois, disons les 30 premiers kilomètres."

Un grand merci à Brice et à Peggy pour les photos


L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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