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Portraits croisés
Course à pied
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Manue et Martial, soudés dans un défi personnel : réaliser 74km en course à pied le long de la Ligne Maginot

Certains coureurs n'ont pas besoin de compétitions aux sentiers balisés pour se lancer des défis, prendre des risques, aller plus loin.

Emmanuelle, 40 ans, et Martial, 43 ans, habitants de Haguenau, forment un couple que les aventures gérées en commun rapprochent.

S'inspirant d'un parcours de randonnée, ils se sont lancé un défi original : courir en auto-suffisance pendant 74km sur un bout de la Ligne Maginot, de Roeschwoog à Neunhoffen (67).

Jalonné en trois étapes de 31km (240m D+), 23km (610m D+) et 21km (750m D+), leur périple, mené en octobre 2014, les a conduits à réaliser de nombreuses découvertes : sur eux-mêmes, sur leur environnement. 

S'exprimant d'une seule voix, ils nous livrent tout ce qui les a motivés, seuls, à tenter ce défi.

 

La Casemate Esch, à proximité de Hatten, au jour 1 et km 14,5 du périple d'Emmanuelle et Martial sur le Sentier de la Ligne Maginot.

Où une certaine blessure au genou suscite le goût du défi sans relâche

Emmanuelle (Manue) et Martial se sont connus "autour de la moto, il y a 20 ans", évoquent-ils. La course à pied, sans autre but que de courir pour garder la forme, faisait déjà partie de leurs vies respectives : elle s'est facilement intégrée à leur vie commune.  

S'ils aiment le sport, c'est parce qu'il apporte à tous deux "un bien-être physique, la sensation que le corps fonctionne correctement, mais aussi une sorte d'équilibre entre le corps et l'esprit, une impression d'épanouissement." En course à pied et à vélo s'ajoute un sentiment de liberté, d'harmonie avec l'environnement.

"Il arrive aussi, de plus en plus souvent, de chercher à se dépasser physiquement et mentalement." Cela a peut-être d'ailleurs démarré le jour où, au cours d'un footing sans prétention, Manue se blesse au genou. C'était en août 2013 : "à l'époque, je courais sans but précis, sans séance spécifique", indique-t-elle. Du fait de cette douleur, "j'ai décidé de prendre ma revanche sur le corps en m'investissant dans la course à pied, en m'entraînant vraiment, pour participer à des compétitions, à des trails."

En 2014, Manue s'aligne alors sur 10 compétitions de petite distances, jusqu'à 17km. "J'ai vite progressé" constate-t-elle, "et j'ai voulu me lancer d'autres défis."

Manue, motivée à l'idée de dompter son corps et son genou - et de laisser un sentiment de liberté, d'harmonie avec l'environnement prendre le dessus sur la douleur physique.

Aller de découverte en découverte

Pourtant, même si elle aime l'ambiance des courses, Manue n'a pas "l'esprit de compétition. Alors je me suis dit que je pouvais me lancer mes propres défis", explique-t-elle, en précisant : "des challenges faits maison !"

Par exemple : "courir plusieurs jours d'affilée" ou encore "faire l'ascension d'une montagne en courant" (comme le Feldberg, à 1 493m d'altitude, en Allemagne, Forêt Noire). Cette idée génère en elle un fort enthousiasme : "assembler défi sportif et découverte de nouveaux endroits, de paysages, de rencontres et d'histoire, j'y adhère totalement !"

Imprégnée de ce concept, Manue tombe sur un itinéraire de randonnée, le Sentier de la Ligne Maginot*, qui propose de réaliser 71km sur trois jours. Elle imagine alors de franchir un cap, en retraçant, en courant plutôt qu'en marchant, ce parcours. L'idée trouve tout de suite écho auprès de son partenaire et néo-aventurier.

Dès lors, pour eux, tout devenait nouveau, tout était à découvrir : "chouette !" s'exclament-ils. Ils s'engagent dans le défi avec de multiples objectifs : "tester du matériel, de la nourriture, le corps humain. Apprendre à gérer la course, l'effort, la distance. Visiter, apprendre sur l'histoire de la région. S'en mettre plein les yeux. Profiter de la nature".

Leur grande motivation n'est freinée que par un peu d'appréhension, avec une question qui, pour Manue, reste en suspens : "est-ce que mon genou, mon corps et mon esprit vont supporter trois jours de course en semi-autonomie ?" L'objectif étant quand même bien de "finir en bonne santé, c'est-à-dire sans blessure."

Apprendre à gérer la course, visiter, découvrir l'histoire de la région sont autant d'objectifs que Manue et Martial se sont mis en tête de poursuivre pendant ces trois jours.

Le mental au secours du physique défaillant

Prêts ou pas, le lundi 6 octobre, le réveil sonne à 5h30 et marque le départ de l'aventure.

Le parcours les fait cheminer de Roeschwoog jusqu'à Neunhoffen, dans le nord du Bas-Rhin. Sans qu'ils s'en doutent, trois jours gris et pluvieux attendent les intrépides aventuriers.

Ainsi, "lors de notre arrêt au fort de Schoenenbourg (jour 2, km 1,5 de l'étape), il se met à pleuvoir, comme il faut. Ça ne semble pas vouloir s'arrêter. Il faut continuer." Le ruissèlement se poursuit : "Les ruines du Windstein, au troisième et dernier jour (km 14 de l'étape), se devinent dans le brouillard, la brume - enfin sous des trombes d'eau !" Heureusement, les nuits à la Maison Ungerer ou dans un chalet du Club Vosgien effacent les désagréments, et permettent de repartir bon pied, bon oeil le lendemain.

Si quelques erreurs d'aiguillage les amènent à parcourir quelques kilomètres en plus par rapport au tracé initial, et si la gestion du poids supplémentaire engendré par l'équipement est difficile, car "la foulée est lourde, les impacts au sol forts", ils ont tenu bon, car ils avaient "la motivation, l'envie de finir, d'aller jusqu'au bout. De faire ce pied de nez à mon genou récalcitrant", affirme Manue. "Le tout à deux, sans flancher, coûte que coûte."

Et malgré les surprises et les déconvenues, ils ont découvert que "le corps s'habitue à l'effort demandé, et le dernier jour, on continue à courir comme si c'était devenu naturel."

Manue et Martial, heureux d'y être, malgré le mauvais temps qui semble ne pas vouloir les lâcher.

Apprécier - se reposer - recommencer

L'arrivée à Neunhoffen au cours de "la plus belle étape : sans bitume, sans traversée de village, que de la nature !" marque la réussite du défi. 

Un soulagement certes, même si "avec un peu de recul, ce qui semblait être une montagne s'est avéré une colline ! On a moins souffert que ce qu'on avait imaginé", estiment Manue et Martial. "Désormais, nous sommes convaincus que, pour surmonter des obstacles, la volonté sans faille est un outil sans commune mesure."

Ce qu'ils en retiennent, c'est qu'il s'agit d'une "super aventure en couple, qui change du train-train quotidien. Nous avons découvert des douleurs inconnues jusque-là, appris sur le corps humain, ses réactions... Et ce n'est pas parce qu'on court qu'on ne profite pas" insistent-ils, "nous nous sommes arrêtés pour parler aux animaux, manger des mûres, prendre des photos, lire des panneaux, entrer dans les casemates. Nous avons aussi pu admirer les paysages lorsqu'ils n'étaient pas voilés par le brouillard. Nous avons été à l'écoute de notre corps."

Un corps qui, après l'effort, demande du repos :  "un jour de repos pour 10km parcourus, soit une semaine entière sans courir" confirme Manue.

Depuis, de nouveaux projets se sont profilés, comme de "recommencer en allongeant les étapes, sur deux jours, voire d'une traite." Après tout, "ce n'est même pas un ultra !" Il y aurait aussi l'idée de "réaliser la GTV - Grande traversée des Vosges - sur 3 ans. Etape 1 : les Vosges du Nord ; étape 2 : les Vosges moyennes ; étape 3 : les Hautes-Vosges."

Alors, Manue et Martial nous donneront-ils rendez-vous pour cette grande traversée du massif en octobre 2015 ? Si jamais ils s'y engagent, on vous tiendra au courant - car un peu de public et d'encouragement, ça n'a jamais causé de tort à personne.

"Peu importe la condition physique, c'est le mental qui fait avancer quand la fatigue, la douleur et le doute s'installent", affirme Martial.


La Team YOU AND ME

Emmanuelle et Martial sont mariés depuis 15 ans et ont deux enfants de 12 et 14 ans.

"Nous aimons croire que nous sommes des randonneurs, à pied, à vélo ou à moto (là où c'est autorisé), respectueux de la nature et des autres. Nous sommes des amoureux de la nature, des Vosges du Nord, curieux de notre histoire et amateurs de sport."

Sur les courses, ils s'inscrivent sous le nom d'équipe "YOU AND ME" - peut-être les avez-vous déjà croisés ?

 La Team YOU AND ME, toujours prête à "gravir des montagnes et à rendre l'impossible d'hier la réalité d'aujourd'hui."


* L'itinéraire est disponible sur le site de l'Agence de Développement Touristique du Bas-Rhin.


L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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