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Le défi de Bernard : grimper et descendre 39 700 marches pour atteindre la hauteur de l'Everest !

Il existe un moyen d'atteindre le sommet le plus haut du monde sans être obligé pour autant d'aller à l'autre bout de la planète.

Cela se passe lors d'un événement spectaculaire, à Radebeul, près de Dresde, en Allemagne, sous l'intitulé "Mount Everest Treppenmarathon" - ou "Course d'escalier marathon façon Everest".

Bernard, 43 ans, originaire de Haguenau, a fait partie en 2014 du groupe de 69 personnes, 60 hommes, 9 femmes, qui ont osé relever le challenge. L'objectif : monter et descendre 100 fois de suite les 397 marches du même escalier. Une distance totale de 84,390 kilomètres, et 8 848 mètres de dénivelée positive.

Si le Bas-rhinois d'origine a été tenté par l'épreuve, c'est d'abord par goût du défi. Mais aussi en raison d'un tempérament curieux de découvertes, qui l'amène à goûter à chaque chose dans la vie.

Retour sur une expérience et un profil qui sortent de l'ordinaire.

Bernard, à droite en vert, accompagné de son compagnon de course : Jean-Louis. Ils ont fini ensemble le Mount Everest Treppenmarathon.

Savourer le marathon en véritable épicurien

Lorsqu'on a soif de découvertes, toute nouvelle initiative éveille la curiosité et aiguise l'appétit. Une aubaine car Bernard, que ce soit à table ou en course à pied, s'intéresse aux bonnes choses.

Marathonien, avec, à date, 33 participations à des 42,195km à travers le monde, il court l'épreuve dans un temps moyen de 3h15. Notre homme semble infatigable, presque insatiable en la matière.

Pourtant, début 2002, Bernard n'avait encore jamais couru un marathon de sa vie.

Tout a commencé avec une mise au défi, vécue comme une révélation. Connaissant son penchant pour les bons vins, la bonne chère, les amis de Bernard le taquinaient. Un jour, l'un d'eux lui lance : "toi, tu ne fais que travailler et aller dans les restaurants. Regarde, moi, je fais des marathons, toi, tu n'es pas capable d'en tenter un."

Prenant au mot la remarque, Bernard s'inscrit aussitôt au marathon de Budapest. Son côté explorateur venait de se réveiller. Il avait 4 mois devant lui pour s'entraîner, mais cela suffirait-il ? Car malgré des antécédents en foot, cela faisait quatre ans qu'il n'avait pratiqué aucune activité de manière sérieuse. Et notamment, il n'avait fait aucun footing depuis très longtemps.

À 120 jours de son premier marathon, un énorme et intriguant "tout" restait donc à découvrir : une source de motivation nouvelle pour le sportif qui sommeillait en Bernard.

Quand un bon vivant saupoudre son entraînement d'une superdose de sérieux

Afin de prendre un bon départ, Bernard commence alors à s'informer sur les étapes à suivre pour réaliser un marathon.

Parmi les plans d'entraînement qui abondent sur le net, et n'ayant aucune notion du score qu'il était à même de réaliser, Bernard se prend à vouloir tenter le 3h15.

"J'y suis allé la fleur au fusil, je me suis lancé à 300%, en suivant le plan", admet-il. "Afin d'atteindre mon poids de forme, j'ai fait un peu de diète un mois et demi avant la course." Pour un temps plus qu'honorable de 3h19 le jour de l'épreuve, même s'il confie avoir "très mal géré la course".

Depuis, en 12 ans, de nombreuses courses se sont déroulées sous les pieds du runner, sur route ou en montagne, sur des distances très variées. "La course à pied est devenue un sport plaisir !"

Entre 2002 et 2004, Bernard s'est entraîné sans trop de structure ; par la suite, il a suivi les conseils d'un entraîneur du CMC (Colmar Marathon Club), Claude Fillinger, aujourd'hui décédé. "C'était une personne très calme, très posée. Un jour, je suis allé le voir pour des conseils sur mesure : il m'a préparé un plan marathon spécifique. Je savais que je n'avais pas forcément les armes pour y arriver, mais j'ai suivi les indications à la lettre." Et cela a fonctionné.

Depuis, Bernard réussit à concevoir ses entraînements seul, au feeling, à l'aide de tableaux de correspondance. "Je me suis construit mes propres plans, et j'ai obtenu de bons chronos dans cette période-là." Il fait ses courses au feeling, selon l'envie. "Lorsqu'elles se situent dans un endroit sympa, je peux avoir envie de faire un chrono. Aujourd'hui, je cours avec la même personne, Jean-Louis. Il a le don de trouver des courses atypiques telles que tours, kilomètres verticaux..." 

La course d'escalier de Radebeul, près de Dresde, a aussitôt fait partie de ces challenges hors du commun qui réussissent à mettre l'eau à la bouche de notre coureur.

Sur le Treppenmarathon : Bernard, dossard n°24, suivi par son complice, le n°23, Jean-Louis.

Le "Treppenmarathon" : par complicité et envie de différence

"Dès que Jean-Louis a proposé l'idée du Mount Everest Treppenmarathon, j'ai accepté. Cela nous laissait neuf mois de préparation. Dresde était une ville que je voulais voir dans ma vie. Et puis le fait que ça se passe dans le vignoble, que l'on fasse deux marathons d'affilée, tout cela m'a rapidement convaincu."

Car en fin gourmet, Bernard envisage les épreuves sous un angle voyage, où le plaisir de la découverte va de pair avec l'aventure sportive. "On aime tous les deux ce qui est nouveau, nous avions tous les deux envie de réussir... On se disait que ce serait peut-être la seule fois de notre vie où on pourrait faire l'Everest !"

Avec ce défi, le sérieux de l'entraînement redevient de mise. Bernard sait que, s'il a envie de réussir, il doit pousser l'exigence envers lui-même et réaliser un entraînement régulier. "Sur la course d'escalier, j'ai suivi une préparation poussée, et j'ai couru un mois avant un marathon en 3h05", explique-t-il.

"Avec 4 à 5 sorties par semaine, je combinais séances au seuil, en endurance, fractionné. Je courais une demi-heure le matin en décrassage et le soir j'y retournais. J'ai réalisé des sorties longues de 4 heures avec 1 500m de dénivelée. J'ai fait attention à mon alimentation, notamment afin d'éviter les carences en vitamines et minéraux."

Vue plongeante sur les 397 marches à gravir 100 fois consécutivement, afin de réussir le Treppenmarathon.

Un mental robuste pour finir la course ensemble

Cette préparation poussée était indispensable, "parce que physiquement, nous savions que cela allait être difficile. Ça semblait effrayant, de se dire que nous allions faire 100 fois le même tour ! J'avais l'impression que ça allait être interminable."

Pourtant lorsque le départ de la course est donné à 16h, tout s'enchaîne pour Bernard. "J'ai été surpris : la luminosité changeait à chaque tour. Globalement, le temps a été beau, même s'il a un peu plu. Et la lassitude que je craignais n'est pas arrivée : toute la nuit, je me suis senti dans une bulle, tout ça a eu un côté totalement irréel, c'était, pour moi, véritablement, une nuit magique."

La difficulté a été de trouver la bonne allure : "Il y a eu une réflexion avant le départ, pour prendre le bon rythme. Jean-Louis est parti très lentement, il m'a freiné. Chacun a fait sa course, nous n'étions pas dans la même allure. À un moment, chacun a eu un coup de moins bien. Et finalement, nous nous sommes retrouvés au 95e tour, et on a passé la ligne d'arrivée tous les deux."

"Notre objectif, c'était d'y aller. On voulait réussir. Monter des escaliers, c'est difficile. Si tu as la tête, il n'y a rien qui peut t'arrêter. J'aurais terminé à quatre pattes, avec les dents s'il l'avait fallu." Heureusement, les jambes ont suffi, car "physiquement, si on s'est bien préparé, le corps peut faire beaucoup de choses", admet Bernard avec le recul.

"Nous avons fini à la 11e (Jean-Louis) et 12e place (moi, Bernard), en 20h30. Je suis fier de ce qu'on a fait."

Une épreuve chargée en émotion

Quelle que soit sa préparation, l'expérience n'est jamais tout à fait celle à laquelle on s'attend.

"Ce qui a été impressionnant", admet Bernard, "c'est de voir plusieurs concurrents s'effondrer de fatigue : ils ont voulu faire une sieste et on ne les a plus jamais revus.  Il y a aussi eu la prestation féminine, avec une d'entre elles notamment qui a terminé en marchant tout du long. Elles n'étaient que 4 à finir sur les 9 engagées. Et 25 hommes sur les 60 au départ."

Bernard a pu compter aussi sur un soutien inattendu, celui de son cousin qui a fait exprès l'aller-retour depuis Paris. "Il m'a redonné beaucoup d'énergie. Au 24e tour, il est parti faire la fête, en me laissant comme consigne d'être là à son retour. Il est revenu après 7h du matin, et a joué Edith Piaf Rien de rien... avec son i-Phone. Aussitôt dans ma tête, malgré la fatigue, c'était reparti !"

L'émotion de l'arrivée était palpable : une nouvelle fois, Bernard avait réussi à se dépasser, et il avait pu partager ce moment avec un ami, un compagnon d'aventure.

Pour Bernard, loin d'être un aboutissement, le Treppenmarathon était juste une étape, car de nouveaux projets sont déjà en cours : ainsi, en 2015, il a envie de refaire moins de 3h sur un marathon et recherche pour cela une destination qui le tente, où il y a du monde, mais pas trop. "Je veux aller au marathon de Bombay l'an prochain. Et en août, j'envisage deux marathons de montagne sur deux jours de suite, en Suisse".

La course à pied est devenue pour lui un mode d'expression : "c'est une discipline qui permet de se poser la question de ce qu'on veut dans la vie."

Et pour Bernard, aucun doute : "courir, c'est une bonne manière de chercher la réponse."

Et si, comme l'affirme Bernard, la course à pied permettait de trouver des réponses ? Amitié, courage... - les valeurs auxquelles on tient se découvrent-elles sous chacune de nos foulées ?


En savoir plus sur le "Mount Everest Treppenmarathon" de Radebeul

Localisation : Radebeul, Allemagne (Saxe), près de Dresde (à environ 630km de Strasbourg)

Prochaine édition : 18-19 avril 2015

Site web (en allemand et anglais) : http://www.treppenlauf.de/

Longueur totale du parcours : 84,390km

Dénivelée positive : 8 848m

Nombre de marches : 39 700 en montée, 39 700 en descente, soit un total de 79 400 marches.

Record actuel : 13:26:53

Possibilité de s'inscrire au challenge en individuel ou par équipes.

 


L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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Cet article a été commenté 1 fois

De : bernard, le 05/10/2014 à 20h15min56s |
Merci pour cet article . Notre course ne sera pas vaine ;-).
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