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Féminines
Course à pied
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Energie, passion, tempérament des féminines dans le trail - sur l'exemple du Trail des Marcaires

Comme dans toute grande famille, c'est la diversité des profils et des caractères qui en fait la richesse. Dans le monde du trail, après un certain kilométrage, il est vrai qu'elles ne sont pas encore très nombreuses. Pourtant elles ne manquent pas d'audace et de ténacité.

Elles, ce sont ces filles qui osent aller sur des distances au-delà de 40km. Qu'est-ce qui pousse les féminines à se lancer sur ce type de formats ? Ces épreuves sont-elles uniquement adaptées à des profils exceptionnels de femmes particulièrement courageuses ? Ou avons-nous toutes une place à défendre dans la course de montagne ?

Pour le savoir, nous avons interrogé Véronique et Laurence qui ont participé en 2015 au Trail des Marcaires, version 52km, l'épreuve alsacienne de trail réputée difficile de par sa longueur et sa dénivelée - voire alpine en raison de ses sentiers étroits, caillouteux et techniques. Virginie, experte en trail et membre de l'organisation, est d'accord pour se répandre en louanges sur les courses de montagne.

Si les aspirations sont très différentes d'une féminine à l'autre, leurs attentes sont toujours comblées par la qualité de ce qu'elles trouvent sur les circuits de trails. Loin de se borner à la performance, les filles prônent le plaisir d'aller jusqu'au bout pour être en phase avec leurs propres valeurs et besoins : se dépasser, trouver une autre énergie, profiter de la nature.

Crédit photos : © Nicolas Fried, L'Alsace en courant - www.alsace-en-courant.com

Les filles sur le Trail des Marcaires

La course à pied et le trail : une passion latente ?

Certaines idées ont la vie dure : est-ce ainsi pour se conformer à l'idée qu'une femme serait moins capable qu'un homme de se mesurer à des défis singulièrement âpres, toujours est-il que chacune des féminines qui a répondu à nos questions a mis un certain temps avant de se mettre à courir tout court, et à courir en montagne notamment.

Pour Laurence, l'entrée en matière s'est faite à 37 ans, en 2008, pour préparer le marathon de New-York, auquel elle a participé en 2009. Convaincue par cette première expérience de la distance, "j'ai enchaîné en 2011 avec le marathon de Berlin."

De même, c'est à 41 ans seulement que Véronique se met en tête de réaliser son premier triathlon. La natation et le cyclisme avaient pour elle déjà une place importante, ne restait que la course à pied à inclure. "J'ai adoré", indique-t-elle. "Puis j'ai intégré l'ASPTT Mulhouse triathlon".

Virginie, quant à elle, est entrée dans l'univers du running au moment des études à l'IUT. "Adolescente, je détestais la course à pied. J'ai pris l'option footing PPG comme ça, pour m'amuser, avec le professeur d'EPS Daniel Baudoin. J'ai ainsi participé aux Championnats de France de cross FNSU. En septembre 2002, à 22 ans, je signais pour ma première licence FFA et débutais avec 4 années très formatrices de cross, piste et championnats."

Chacune avec ses propres ambitions, les filles se prennent au jeu du running, trouvant un moyen d'assouvir une "soif du défi" pour Véronique ou encore une envie de partage pour Laurence. Quant à Virginie, elle clame : "la course à pied, c'est ma bulle d'oxygène. J'apprécie particulièrement les rencontres, le partage, et ce quel que soit l'âge, quel que soit le niveau, quel que soit le statut social : c'est magique !"

 Les filles sur le Trail des Marcaires

Laurence, sur le Trail des Marcaires en 2015, en compagnie de quelques autres coureurs, tous masculins, sur le sentier des névés, après la rude montée au Hohneck.

La montagne : un aller simple vers les sensations et le grand air ?

Cette magie prend une proportion toute particulière lorsqu'il s'agit de trail. Laurence, qui s'est mise "à courir en montagne avec mon mari et mon club de course à pied", trouve plusieurs avantages à évoluer dans ces grands espaces : "pour moi, le trail est plus souple, plus facile. C'est un bol d'air ! De plus, en tant que femme je me sens plus en sécurité à courir seule en montagne que de courir seule aux abords de Colmar ou des villages aux alentours de mon domicile". Et lorsqu'il est question de compétition, "je ne regarde pas ma montre en me disant qu'il faut aller plus ou moins vite : je suis à l'écoute de mes sensations. Je cours et j'arrive quand j'arrive. À mon niveau, l'important c'est d'aller au bout - le chrono est tout à fait accessoire. C'est tout à fait différent d'un marathon par exemple".

Pour Véronique, "à partir du moment où je suis passée au trail, les courses sur route ne m'ont plus intéressée, hormis sur les triathlons. J'aime la montagne, les sentiers. C'est une communion avec la nature, les sous-bois, les merveilleux paysages, les odeurs, les bruits..." Portée par les éléments, Véronique a participé au Trophée des Vosges Trail 2015. "J'ai fini première du challenge dans ma catégorie (V1) : une belle récompense !"

Pour Virginie, le démarrage en montagne s'est fait en 2007. "Puis c'est avec mon mari que j'ai ensuite évolué sur trail, ultra, trails à étapes..." Originaire de la vallée de Munster, "mon coeur était pour la montagne", indique-t-elle. "Le trail me permet de me retrouver dans la nature pour m'y ressourcer. Je m'émerveille devant les arbres, les plantes, les reliefs, les odeurs, les animaux... Je grandis dans cet environnement ! Un moment en nature, en montagne, c'est des vacances !" D'ailleurs, "je ressens davantage de convivialité dans les courses de montagne ou les trails que sur les courses sur route : à croire que la nature a un impact sur l'humain." Des arguments forts pour elle, qui conçoit qu'en course à pied, "il n'y a pas de règle, ce qui me fait avancer, c'est le plaisir que j'y prends."

Les filles sur le Trail des Marcaires

Véronique, tout sourire, sur l'édition 2015 du Trail des Marcaires.

Assurer sur les 52km du Trail des Marcaires

Plus longtemps elles restent en hauteur, plus cela semble plaire à nos féminines. Laurence se sent ainsi "très à l'aise sur la distance du Trail des Marcaires : plus c'est long, mieux c'est pour moi. Je commence à trouver mon rythme après une dizaine de kilomètres", le démarrage étant toujours le plus délicat à gérer pour elle. "J'avais déjà participé au Trail des Marcaires en 2013, mais j'ai été arrêtée par la barrière horaire, car nous étions en groupe avec des rythmes différents. J'ai voulu refaire cette course en 2015 pour passer cette barrière, et surtout parce que c'est un des plus beaux parcours de trails de la région, avec des paysages magnifiques et de super petits chemins. L'an dernier, j'ai couru seule, à mon rythme, ce qui est primordial. J'ai eu des douleurs dans les 10 derniers kilomètres, au tendon du genou, mais j'ai géré."

Elle admet que "les Marcaires, c'était une course facile pour moi, à mon niveau. Je suis fière d'être arrivée au bout." Sa méthode ? "Je fais selon mes moyens physiques et je reste toujours cool - au grand désespoir de mon mari qui ne comprend pas que je puisse arriver cool et en forme. Pour lui, je ne me suis pas donnée à fond, alors que c'est comme cela que je vois le trail : avant tout pour me faire plaisir. Je n'ai pas cette notion de performance que peuvent avoir les hommes. Je ne sais pas me mettre dans le rouge. Je veux juste arriver et en bon état. Je préfère les longues distances, car je ne suis pas rapide mais endurante et régulière."

Véronique s'étant lancée sur le challenge du Trophée des Vosges Trail, elle a enchaîné en 2015 Trail hivernal de la Moselotte (28km, 1 500m D+), Trail du petit Ballon (52km, 2 300m D+), Trail des Marcaires (52km, 2 570m D+), Trail du Pays Welsche (50km, 2 200m D+) . Un cumul d'épreuves conséquentes, réparties sur six mois à peine. Sa plus grande distance reste celle du Trail des Marcaires, avec 52km, et "les dix derniers kilomètres difficiles à gérer mentalement et physiquement."

Pour Véronique comme pour toutes les filles, lorsque cela a été difficile, arriver au bout d'un trail est une victoire. Virginie se sent à chaque fois ravie et "fière d'avoir pu vivre de telles aventures, car au départ de chaque trail on se dit qu'on part pour une aventure."

Les filles sur le Trail des Marcaires

Laurence a terminé le Trail des Marcaires 2015, malgré une douleur au genou sur les 10 derniers kilomètres.

Les atouts des féminines sur les épreuves de trails

Même si l'accès aux distances moyennes voire longues n'est pas évident, les atouts d'une femme pour performer sur les trails sont nombreux. Laurence indique ainsi : "Pour moi, une femme est plus sage et plus régulière qu'un homme, elle ne va pas aller à fond au début et être complètement à la ramasse à la fin. Elle est également plus endurante sur la durée". Virginie confirme que "les femmes ont de plus grandes capacités de gestion, je pense. Elles partent moins vite, alors que les hommes ont tendance à partir trop vite. Les femmes ont souvent de bonnes capacités d'endurance, et ont ainsi plus de chances de se retrouver à l'avant d'un trail long que d'un trail court."

Pour Véronique, "un homme aura sans doute une capacité supérieure à l'endurance musculaire, mais les femmes tirent bien leur épingle du jeu". Et "apparemment, les femmes sont moins sujettes aux crampes que les hommes", a pu constater Laurence.

Globalement, Laurence pense être sur un pied d'égalité avec les hommes sur les trails. "je ne trouve aucune différence à être une femme, à mon niveau bien entendu. Toutefois, je pense qu'un homme qui est doublé par une femme en prend un coup sur sa fierté !" Et donc que, naturellement, "la présence des féminines apporte aux hommes une motivation supplémentaire à les dépasser !" Lorsqu'ils en sont encore capables...

Virginie confirme ce ressenti : "la majorité des hommes sont galants, certains indifférents. Et il y a bien évidemment quelques rares cas de frustrés qui vous empêchent même de passer lorsque vous voulez les dépasser. Fierté masculine oblige !" Et même si tout ça évolue : "nous ne sommes pas toujours traitées sur un pied d'égalité avec les hommes", regrette-t-elle. "À ce titre, je vous invite à regarder la page Facebook de Muriel Ancel, Pour une équité de traitement des perf féminines. Le journal du lundi matin est souvent parlant. Mais je l'avoue, ça change. Et pour ce qui est du traitement entre coureurs au sein d'un même club, femmes ou hommes, on est tous dans le même sac - et ça, c'est chouette !"

Ce qui va néanmoins aplanir toute différence, ce sera à coup sûr "la gentillesse et la courtoisie des bénévoles, les petits gestes simples comme un sourire à l'arrivée". Autant de détails "qui contribuent à me faire sentir à ma place", admet Virginie. Elle n'attend donc pas de message spécifique adressés aux féminines, mais plutôt "un discours ou une attention égaux à ceux des masculins. Et peut-être un détail qui pourrait nous rendre plus heureuses en tant que femme : un cadeau adapté aux hommes et aux femmes - et non pas un T-shirt taille XL pour tous !"

Sur les épreuves de trail, de par le monde, "les femmes apportent leur sourire", insiste Virginie. Courir ensemble c'est se respecter l'un, l'autre : "c'est comme pour tout : pour qu'il y ait harmonie, il faut le chaud et le froid, le positif et le négatif, le ciel et la terre. Il faut donc aussi l'homme et la femme." Admettre la complémentarité de chacun(e) plutôt qu'imposer une stricte égalité, c'est une façon de donner à la femme la place qu'elle mérite - en respectant ses besoins, ses choix, ses rêves, ses aspirations. Bravo et merci à vous les filles, et merci aussi à tous les hommes qui auront lu ce texte jusqu'au bout.

Les filles sur le Trail des Marcaires

Le plaisir de la course, c'est aussi celui de se retrouver tous ensemble après, gars et filles, et de partager sa joie, sa fierté d'avoir tenu bon jusqu'au bout de l'épreuve.


Les profils de nos traileuses

Les filles sur le Trail des Marcaires Laurence, 44 ans, Horbourg-Wihr (68)

  • Son expérience : "Je ne fais pas beaucoup de courses, j'ai déjà réalisé trois courses de 52km et une course de 80km à Chamonix."
  • Son entraînement : "Je cours une fois par semaine entre 1h30 et 3h, sur 400 à 1 000m de dénivelée. En montagne, je ne raisonne pas en distance ou dénivelée mais plutôt en temps de course. Je cours principalement vers le Galtz, le Grand Honack et autour de Trois Epis. En semaine, je fais une à deux sorties sur du plat dont une séance en fractionné en cas de préparation de course."
  • Sa running attitude : "Je suis beaucoup plus à l'aise dans les montées, en descente, je souffre beaucoup car je freine trop, je ne prends pas de risque". Peut-être à la différence des hommes "qui descendent à fond !" note-t-elle. 

Les filles sur le Trail des Marcaires Les filles sur le Trail des Marcaires Virginie, 35 ans, Andolsheim (68)

  • Son expérience : "mon plus long parcours a été la TDS (Sur la Trace des Ducs de Savoie) : 114km et 7 000m D+. Surtout, ça a été mon plus gros challenge de résistance psychique : pluie, vent, neige, boue, rivières glacées à traverser... 57% d'abandon, mais j'ai tenu bon. Mon meilleur souvenir reste le Trail de Bourbon (cf. photo ci-dessus, traversée de la rivière), avec 95km et 5 000m D+. Outre ma performance, c'était avant tout l'accomplissement d'un rêve, avec tant de chaleur humaine sur le parcours."
  • Sa running attitude : "après avoir suivi un plan personnalisé pendant longtemps, j'ai besoin de plus de souplesse actuellement. Depuis, je suis revenue sur un format plus court, alternant trails courts, courses de montagne, cross, et même un peu de route ! Bref, je virevolte au gré de l'envie et surtout du plaisir de partager ces moments-là avec les copains du club. Alors je brode : je vais aux entraînements club dès que je veux/peux, et en dehors, je fais suivant l'envie tout en essayant de respecter a minima une trame logique."
  • Son entraînement : "Cela représente en moyenne 4 sorties par semaine. L'hiver de la piste, du fractionné en nature, des footings. L'été, j'allonge avec plus de sorties nature, une sortie longue avec beaucoup de dénivelée, un peu de vélo de route avec dénivelée". 

Les filles sur le Trail des Marcaires Véronique, 47 ans, Bretten (68)

  • Son expérience : vélo et natation, premier triathlon en 2011, premier marathon en 2013.
  • Sa running attitude : "Se dépasser et se prouver que l'on peut y arriver".
  • Son entraînement : Avec son club, l'ASPTT triathlon Mulhouse. Véronique réalise également des entraînements sur piste, pour "placer la barre toujours un peu plus haut". 

L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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