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Arnaud et Xavier - la passion du triathlon comme moteur d'une très haute performance

De caractères et d'ambitions très distincts, Arnaud, 40 ans, plutôt réservé, et Xavier, 41 ans, plutôt expansif, ont en commun une passion : le triathlon. 

Il y a deux ans, ils s'étaient fixé le même challenge : celui de participer à une épreuve qui, pour le commun des sportifs, fait figure de rêve lointain et inaccessible - le championnat du monde d'ironman à Kona, Hawaï.

Au travers de chemins très différents, une chance inouïe leur permet, le 11 octobre dernier, de franchir ensemble la ligne d'arrivée de l'épreuve mythique. Et de porter ainsi très haut les valeurs de partage, de solidarité et de persévérance du sport.

Retour sur le parcours de ces deux sportifs à la fois sensibles et attachants, épaulés par la chance, et guidés vers le sommet par la passion de ce qu'ils font.

 

Arnaud Fabian (à gauche) et Xavier Schneider (à droite), ont terminé ensemble l'ironman d'Hawaï, après 226km d'épreuve.

D'un côté, une réponse à l'envie d'aller jusqu'au bout

"J'ai toujours fait du sport par plaisir, car j'aime me dépenser", commence par expliquer Arnaud. "Jusqu'à mes 15 ans, j'ai évolué dans plusieurs disciplines collectives : je faisais du vélo, de la course à pied, de la gym. Le goût du jeu l'emportait sur l'esprit de compétition."

L'idée de performance est venue "à partir du moment où j'ai cherché à pratiquer un sport en solo, dans lequel je pouvais lier plusieurs disciplines". Arnaud débute alors en duathlon, où il évolue en équipe de France. En 1994, à tout juste 20 ans, il est récompensé, en Australie, par le titre de champion du monde junior de duathlon.

"Pourtant", explique-t-il, "cela ne me suffisait pas. La discipline était trop confidentielle". Or intérieurement, les aspirations d'Arnaud avaient pris de l'ampleur : il lui en fallait davantage. "J'avais l'idée de bien faire ce que j'entreprenais, et surtout d'aller jusqu'au bout." Le triathlon semblait justement lui offrir l'opportunité d'aller plus loin, et, peut-être, beaucoup plus haut.

Arnaud, le 11 octobre dernier, à Hawaï, après la première partie de l'ironman : 3,8km de natation.

De l'autre, une découverte liée au hasard

Au moment où Arnaud se lançait dans le triathlon, Xavier commençait, lui, tout juste à se mettre au sport. "J'ai débuté en course à pied quand j'ai démarré ma vie professionnelle, en suivant l'exemple des collègues qui s'entraînaient régulièrement", explique-t-il avec enthousiasme. "Suivant leur lancée, j'ai participé à des compétitions : d'abord un 5km, un 10km. Puis j'ai réussi un premier marathon - la distance mythique en course à pied !"

Après plusieurs marathons, il se tourne vers d'autres sports, monte sur un vélo en 2007, puis commence à s'intéresser au triathlon. Un autre mythe surgit alors : celui de l'ironman - le Saint-Graal en la matière.

Pour Xavier à ce moment-là, un tel défi est loin de ses ambitions. "Je n'imaginais pas participer un jour à un ironman. L'épreuve me semblait inhumaine, y participer me paraissait inconcevable !" Tout bascule pourtant à force d'entendre une phrase qui le laisse perplexe : la souffrance physique serait finalement beaucoup plus forte sur un marathon que sur un ironman. Plus on en fait, moins on a mal, en somme ?...

Porté par le besoin de vérifier par lui-même la véracité de cette affirmation incroyable, Xavier s'inscrit à l'ironman de Nice de 2008. "C'était un pari. Je partais de zéro dans la discipline !" Le challenge était risqué. D'autant que "sans m'en douter, je venais de mettre le doigt dans l'engrenage qui allait déclencher une vraie passion."

L'ironman de Nice a révélé la passion de Xavier pour la discipline et l'ultra-distance.

Éloge du triathlon

"Mon seul but, alors, c'était de terminer ce premier ironman", explique Xavier. Pour lui qui, dans la vie comme dans le sport, fonctionne à l'objectif, il suffisait de mettre en face de ces exigences les moyens adaptés : un plan d'entraînement costaud, et un volume d'entraînement conséquent. Et ça fonctionne, puisque le challenge-test de Nice est validé en 11h19 (428e sur 1 953 finishers).

Dès lors, "la passion s'est installée, parce que je découvrais une discipline sympa, ludique, qui permet de varier l'effort et le plaisir." Ce même élan avait déjà touché Arnaud, qui confirme que "c'est agréable, dans l'entraînement en triathlon, d'avoir le choix de l'activité."

"De plus", continue Xavier, "en volume, j'en fais davantage tout en évitant les blessures". Bien sûr, "la notion de plaisir doit être présente", continue-t-il. "Mais je fais rarement les entraînements à contrecoeur : le sport, ça m'aide à m'évader, à déstresser du travail. Et même si parfois c'est difficile d'y aller, l'endorphine agit après 10-20 minutes d'échauffement, et alors on se sent bien."

Arnaud admet de son côté que "aimer un sport et vouloir des résultats, c'est une passion qui s'entretient". Ainsi, pour lui, "le sport, c'est tous les jours, avec au cumul entre 10 et 15h par semaine, parfois plus. Si jamais je laisse le vélo de côté pendant une semaine, je dois compter qu'il me faudra à nouveau quinze jours pour retrouver le niveau."

Natation, vélo, course à pied : trois façons pour Xavier de se faire plaisir en triathlon.

Une passion accélératrice de résultats

Pour atteindre leur niveau actuel, ni Xavier, ni Arnaud n'ont dû ménager leurs efforts. Notamment en natation, car, "à 17 ans, j'étais piètre nageur", confie Arnaud. Même réalité pour Xavier qui, un an avant son premier ironman, ne nageait pas du tout.

Cependant, en 2012, les lacunes étaient comblées. Il devenait temps, pour Arnaud, comme pour Xavier, d'entamer de plus grands chantiers.

"J'ai participé une deuxième fois à l'ironman de Nice cette année-là, explique Xavier, et j'ai vu que j'étais très près de la qualification pour le championnat du monde d'ironman à Hawaï." Arnaud fait la même expérience ailleurs, quasiment au même moment. Membres du même club, ils se découvrent cet objectif commun. Ravis de partager un tel challenge, ils se donnent alors "rendez-vous à Hawaï", et marquent leur engagement d'une tape dans la main.

Dès lors, une préparation rigoureuse s'impose. Xavier, suivant sa devise "si vous êtes seul, vous ne faites rien !", s'entoure du soutien familial, ainsi que de l'appui de professionnels : "pour progresser, j'ai fait appel à un coach privé ainsi qu'à une naturopathe. Je savais que j'étais arrivé au taquet en termes de volume : il fallait ajouter de l'intelligence à l'entraînement, apporter de la qualité pour progresser."

De son côté, Arnaud gère son entraînement "de façon autonome, en fonction des objectifs-phares que je me fixe." En l'occurrence, aller à Hawaï représentait pour lui quelque chose d'extraordinaire depuis toujours. "Mes premières images de triathlon étaient celles d'Hawaï", confie-t-il. "Elles m'ont tout de suite plu. Je me suis toujours imaginé pouvoir faire comme tous ces athlètes-là un jour."

Arnaud, en entraînement, à Hawaï, quelques jours avant le départ de l'ironman.

Aller au bout du rêve dans un incroyable finish

Les épreuves qualificatives pour Hawaï se passent bien pour nos deux triathlètes. "La qualification fin juin à Nice a eu beaucoup de sens pour moi", confie Xavier. "C'était un moment émouvant. Tout ce qui a suivi, ce n'était que du bonheur !" Un mois plus tard, Arnaud a été très content de rejoindre le rang des qualifiés, lors d'une très belle prestation à Zurich.

Le 11 octobre, ils sont sur la ligne de départ, à Kona, avec 2 185 autres participants. Ils entament leur épreuve de 3,8km de natation, 180km de vélo, 42,195km de course à pied. Et alors qu'Arnaud est devant, Xavier finit par le rattraper juste avant l'arrivée - ils décident alors de terminer ensemble.

"C'était un scénario improbable, incroyable de finir comme ça !" s'enthousiasme Xavier. "Sur 226km cumulés, il peut arriver n'importe quoi. Je ne pouvais pas rêver mieux que de finir avec Arnaud ! C'est un moment qui restera à vie gravé dans ma mémoire..."

Arnaud confirme : "C'était déjà un défi de le réussir tous les deux, avec Xavier, ça a été une grosse émotion de se retrouver à trois kilomètres de l'arrivée, et de finir ensemble."

"On avait vu tellement d'images, on en avait tellement rêvé !", poursuit Xavier. "C'est incroyable de se dire qu'on y était, nous aussi, dans le décor de rêve - dans l'écran ! C'est une réussite qui ne tient pas à grand chose : il y a une part de travail, et une part de chance. Et c'est ce qui rend le challenge encore plus beau."

L'émotion, pour Xavier et Arnaud, de se retrouver et de finir ensemble.

Transmettre la passion

Arnaud a été "content d'être de la fête. Je n'ai pas de déception même si je sais que j'aurais pu mieux faire. Tous ceux qui étaient là-bas savent ce que ça représente. Pour ma part, il y a eu une somme d'échecs avant de pouvoir y arriver."

"On est juste des amateurs", estime Xavier. "Il faut savoir rester à sa place, et Arnaud et moi, nous avons tous les deux les pieds sur terre". Car au final, reprend Arnaud, "c'est assez fou de se dire que tout cet investissement, c'est pour ces quelques secondes de bonheur intense !"

"Personnellement, je ne vois pas ça comme un exploit", estime Arnaud avec pudeur. "Je ne me suis jamais senti un talent pour faire ça. C'est un objectif qui m'a animé pendant une quinzaine d'année. Bien sûr, il y a toujours eu le plaisir de faire ces activités, mais le chemin pour y arriver a été long."

Depuis l'épreuve, "nous sommes, Xavier et moi, en quelque sorte devenus ambassadeurs de cette épreuve et du triathlon en général, du fait que les gens s'y sont intéressés." Et déjà avant d'y aller : "beaucoup de personnes sont venues nous encourager, avec beaucoup de spontanéité. Ça fait très plaisir, et ça me fait dire que ce n'était en aucun cas une aventure individuelle. Ils ont vu que c'était accessible, à condition de travail, de rigueur."

Ou d'y croire, simplement, comme Arnaud qui n'en a "jamais douté".

Un entraînement et un parcours exigeants, pour quelques secondes d'un intense bonheur.

Revenir à la réalité

Tous deux le confirment : "le retour à une vie normale a été difficile". Rien de plus naturel, car comme à chaque fois qu'un beau rêve se réalise, on est "déçu que ce soit déjà fini", comme l'exprime Arnaud. Pour lui, quelques semaines ont été nécessaires pour revenir à la réalité. "Il y a eu un contrecoup difficile par après. Heureusement que Xavier était là, j'ai pu partager ça avec lui à ce moment-là."

Désormais il s'agit de se fixer de nouveaux objectifs, de créer la trame d'un nouveau rêve. "L'envie que ça recommence est bien là", confirment-ils. "C'était riche en émotions, ça me motive pour y retourner", assure Arnaud, qui garde ancrée en lui l'idée de faire son meilleur temps là-bas.

"Le sport doit contenir cette part de rêve, apporter de l'équilibre", estime-t-il encore. "Je fais quelque chose que j'aime. C'est important de se sentir bien dans ce qu'on fait. La notion de plaisir me guide, elle est essentielle. Avec le temps, ça devient parfois difficile, en raison des douleurs, des blessures. Ce qui est important pour moi désormais, c'est de garder un corps en bon état de marche, quitte à en faire moins."

Pour Xavier, le redécollage ne sera pas pour tout de suite. "Pour les mois à venir, je me recentre sur des projets en course à pied". Avec l'association Trans-forme, Xavier a ainsi le projet de réaliser la course du coeur, en mars 2015, reliant Paris aux Arcs sur 4 jours et 4 nuits.

"C'est une autre manière de courir, d'aborder le sport, de bouger pour les autres, par solidarité", indique Xavier. Et pour lui, "ça tombe très bien."

Comment ne pas tomber sous le charme de cet irrésistible duo ? À la faveur d'un hasard aussi heureux qu'inimaginable, Xavier et Arnaud nous ont éblouis. Merci à eux de nous montrer que, grâce au sport, on peut se sentir aussi heureux, aussi pleinement vivant.


Xavier a 41 ans, il habite à Dachstein (67). 

Ses distances préférées :

  • en course à pied : le marathon
  • en triathlon : l'ironman

Son plat préféré : les spaghettis bolognaise faits maison

La musique qu'il écoute quand il fait du sport : "uniquement sur le vélo, car je n'aime pas courir en musique, je préfère écouter ma respiration. J'écoute de la musique électronique, ça m'aide quand je dois franchir les cols !"

Arnaud a 40 ans, il habite à Ribeauvillé (68).

Pour Arnaud, le triathlon doit rester accessible. "On n'a pas besoin d'un équipement au top. Ce n'est pas un sport inhumain. Les images de l'arrivée de l'ironman d'Embrun sont spectaculaires, parce que l'épreuve est très exigeante, mais ça ne représente pas la discipline telle qu'elle est. C'est un sport qui doit se démocratiser. En Alsace, certains clubs y parviennent très bien, en intégrant des équipes jeunes, ou en faisant la promotion du triathlon au féminin. La discrimination n'a pas sa place dans le sport." 


L'auteur,
Elyse Moreigne

Editrice de Plaisir du sport en Alsace, passionnée de langages écrits, nageuse, coureuse et randonneuse, parfois triathlète, engagée pour valoriser la pratique sportive en Alsace en tant que source de bien-être, d'enthousiasme, de dépassement de soi !
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Cet article a été commenté 1 fois

De : kanak, le 14/07/2015 à 03h07min05s |
bravo tous les deux ! notamment Arnaud que j'ai eu le plaisir de cotoyer. mon fils s'y met, il adore le vélo, et j'espère qu'il éprouvera ces sensations aussi car je lui parle souvent de ce que vous faisiez à l'époque...au plaisir de te revoir !
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